28 novembre 2023

Temps de lecture : 3 min

« On attend aujourd’hui des leaders, des prises de parole incarnées, authentiques, engagées et ancrées dans la réalité du quotidien »

A quelques semaines du lancement d’une nouvelle marque, Vincent Dumont, fondateur et ex-dirigeant de l’agence Chaïkana, nous expose sa vision de ce que doit être une prise de parole impactante et comment il accompagne les dirigeants.

Depuis de nombreuses années, vous accompagnez les marques dans leurs prises de parole, notamment événementielles. Désormais, vous concentrez votre expertise sur les contenus. Comment ces derniers ont-ils évolué ?

Selon le dernier baromètre Whistcom-Opinion Way, un salarié sur deux estime que la prise de parole de son dirigeant ne lui apprend rien et qu’elle constitue une perte de temps. Ils sont tout autant à considérer que leur dirigeant n’est pas inspirant.

Cet amer constat est le fruit d’un héritage où la culture de l’oralité et le statut d’entrepreneur-communicant étaient insuffisamment développés en France. 

Je perçois aujourd’hui une prise de conscience, probablement inspirée du modèle anglo-saxon qui a insufflé de nouveaux genres discursifs, le plus souvent nés dans les entreprises high-techs de la Silicon Valley. Les contenus retrouvent peu à peu leurs lettres (et leur image !) de noblesse, à un moment où la rapidité et l’intensité des transformations imposent de rassurer, d’engager et de (re)donner du sens.

Nommer, c’est comprendre. Diriez-vous que les dirigeants sont davantage dans un discours de vérité aujourd’hui ?

Davantage, oui, mais ça reste perfectible !

Ce besoin de vérité est encore plus fort aujourd’hui, à un moment où la communication digitale, et en particulier les réseaux sociaux, génèrent une forme de défiance sur la véracité des contenus. On attend aujourd’hui des leaders, dans le monde politique comme dans le monde économique, des prises de parole incarnées, authentiques, engagées, concrètes et ancrées dans la réalité du quotidien. Cette évolution doit se traduire par des postures plus conversationnelles avec davantage de proximité et de simplicité dans sa relation au public. Je crois à la parole vraie, sans tabous, qui n’occulte pas ce qui peut être difficile à entendre !

A l’ère du tout image, comment mettre en scène les mots, les messages ?

Un célèbre dirigeant corse, sachant manier le sabre et le verbe, l’affirmait déjà il y a plus de 2 siècles : « un bon croquis vaut mieux qu’un long discours » (*). Il avait déjà compris que 90% de l’information transmise au cerveau était visuelle. Aujourd’hui notre hyperconnexion et notre hyperexposition à une multitude de contenus (ultra)courts et éphémères ont considérablement altéré notre capacité d’attention … ce qui implique, lorsque l’on prend la parole, bien sûr de savoir faire court et « sans gras », mais surtout de passer de la présentation à la représentation, c’est-à-dire avec une dimension théâtrale assumée qui repose sur trois fondamentaux : la voix, le corps et l’image. 

Les médias, principalement vidéo et infographie, constituent un vrai atout pour donner vie aux messages et contribuent à varier les modalités de prise de parole.

Vous allez prochainement annoncer le lancement d’une marque, sur un modèle très singulier puisqu’elle va associer des indépendants. Pourquoi une telle démarche ?

Nous lancerons effectivement une nouvelle marque début 2024, qui va formaliser, autour d’un projet commun, des expertises que nous offrons déjà aujourd’hui … un collectif d’indépendants-experts en quelque sorte !

L’idée a mûri en écoutant les dirigeants et leur besoin d’être accompagnés sur toute la chaîne de valeur (contenus et médias) lors de leurs prises de parole sur scène. Nous allons également développer une approche très exigeante du pilotage et de la gouvernance : une fluidification et une simplification nécessaire quand on adresse des projets mobilisant de nombreux contributeurs dans des délais souvent très courts.

Nous avions aussi tous, à titre personnel, très envie de recréer une histoire collective, inspirée de l’âme, des valeurs communes qui nous animaient à l’époque où nous travaillions ensemble en agence.

Quels conseils donneriez-vous aux décideurs et managers qui interviennent lors de conventions internes ?

Prendre, plus encore, la mesure de l’impact de ses moments et donc s’y investir davantage et y consacrer plus de temps dans la préparation. Au-delà de l’entreprise, au-delà de la marque, c’est souvent pour une femme ou pour un homme que l’on a envie de s’engager. Donc ces instants se travaillent au regard de l’engagement attendu. 

Et plus c’est court et impactant, plus ça prend du temps à préparer !

(*) Je vous conseille d’aller voir le Napoléon de Ridley Scott

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