14 juin 2023
Temps de lecture : 5 min
Vous venez d’être élue présidente de LÉVÉNEMENT, l’association des agences de communication événementielle. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous porter candidate ?
J’ai rejoint le Conseil d’administration de LÉVÉNEMENT il y a 6 ans, l’association se structurait alors et avait des projets intéressants. Durant la crise sanitaire, j’ai pu davantage juger de la pertinence de cette structure pour notre profession, nos agences et collaborateurs. Être soudés nous a permis d’avancer tous ensemble durant cette période inédite. Ainsi mon engagement est devenu de plus en plus fort, et je me suis dit que c’était le bon moment pour moi d’animer cette association avec les convictions que je me suis forgée depuis des années.
Au cours des trois ans à venir, il faudra faire évoluer notre métier, notre modèle d’agence, nos relations avec les annonceurs et notre écosystème. Et puis nous avons un enjeu fort autour de notre convention collective et le rapprochement de branche. Donc nous sommes à un moment important pour nos métiers, et c’est avec envie et enthousiasme que je m’attelle à tous ces dossiers.
Emploi, relation agences-annonceurs, RSE, Jeux olympiques… En effet les sujets d’importance ne manquent pas. Quelle sera votre prochaine priorité ?
La première de mes priorités sera de rassembler nos adhérents autour d’un projet commun, validé par le Conseil d’administration. Au cours de nos Elevating Days – universités d’été organisées fin août – nous travaillerons notamment sur la question suivante : quel est le défi de notre marque employeur pour demain, sachant que nous avons un enjeu important de recrutement et de captation des talents. Comment donne-t-on du sens à nos agences et notre métier, avec en perspective les Jeux olympiques mais aussi les lendemains de l’événement-monde.
Il nous faut être le chef d’orchestre entre les agences de recrutement, les freelances et les agences d’événement.
Par ailleurs, il nous faut être le chef d’orchestre entre les agences de recrutement, les freelances et les agences d’événement. Là encore, nous nous mettrons tous autour de la table pour faire avancer la problématique de recrutement. Essayons de trouver les bonnes solutions pour que 2024 se passe très bien, mais aussi les années suivantes.
L’arrivée de l’intelligence artificielle dans notre secteur ne sera sans doute pas neutre en termes de métiers, et nous devons l’anticiper. De nouveaux talents vont certainement émerger. Enfin, sur la question de la profitabilité de nos agences, il nous faut trouver un modèle rentable. Est-ce que les modèles d’aujourd’hui seront ceux de demain ? Comment répercuter l’inflation qui nous touche ainsi que nos prestataires auprès de nos clients ? Avec une rentabilité de plus en plus complexe, il est difficile d’être créatif et de faire en sorte de motiver de jeunes chefs d’entreprise pour prendre la relève.
Enfin, dernier point mais pas des moindres, la RSE. En fin d’année, nous devrions comptabiliser la moitié, voire les ¾ de nos agences certifiées ISO 20121. Mais nous voulons aller plus loin en créant une filière éco-responsable de l’événementiel. Par exemple, nous pourrions avoir un lieu où serait regroupé du mobilier disponible pour l’ensemble des agences et où travailleraient des personnes dans une démarche d’inclusion.
Comme vous le voyez, les sujets à plus ou moins long terme ne manquent pas ! Nous allons vivre deux très belles années grâce aux JO mais 2025 sera sans doute plus calme. Pas question de subir, nous devons anticiper et avoir notre destin en main.
En moyenne, il manque dans chaque agence entre 15 à 18 % de personnel.
Où en sont les agences en termes de recrutement ?
La situation est pire que l’an dernier ! En moyenne, il manque dans chaque agence entre 15 à 18 % de personnel. Le recrutement est très complexe, sachant que l’idée n’est pas d’aller se chiper entre nous des bons profils mais de prospecter à l’extérieur. Et pourquoi pas de faire de la diversification d’activité en embauchant de nouveaux profils. Il y a très peu d’organismes de formation, et nous sommes sous l’eau en agence pour bien former les nouveaux collaborateurs. D’où l’importance de réunir tous les acteurs concernés par la problématique du recrutement pour faire évoluer les process.
Et sur la convention collective ? Quel est le calendrier ?
Le dossier est en bonne voie, la rédaction de la convention achevée, et nous espérons aboutir d’ici la fin de l’année 2024, au plus tard premier trimestre 2025. Maintenant il nous faut respecter les différentes étapes techniques auprès des ministères et autres syndicats.
En matière de transition écologique, allez-vous vous inspirer de secteurs connexes tels que le cinéma, le spectacle vivant, la mode, etc. ?
Dans ce domaine, la première étape était la certification. La suivante a consisté à établir des guides pour démontrer le sérieux de notre démarche auprès de nos différents partenaires. Maintenant, à nous d’aller un cran plus loin et de réaliser un benchmark auprès d’autres filières pour effectivement s’en inspirer. Dans les secteurs que vous évoquez, il y a en effet des actions extraordinaires et inspirantes. A nous également d’expliquer à nos clients qu’il n’est pas forcément utile de construire de l’éphémère à chaque événement, et donc de créer des déchets.
Le COJOP parle volontiers de l’héritage des Jeux olympiques. Quel devrait être cet héritage pour le secteur événementiel français ?
Abordons déjà le rôle de l’association dans les JO. Évidemment, toutes nos agences sont en soutien total avec l’événement, qu’elles y travaillent ou non d’ailleurs. Si à un moment donné nous devons davantage nous mobiliser pour cette fête extraordinaire, nous répondrons tous présents. Nous sommes super fiers que les Jeux se déroulent en France, d’ailleurs on aurait aimé que ce soit une fête pour toutes les agences et que tout notre savoir-faire soit au service des JO.
Sur l’héritage des JO, à nous d’être davantage proactifs pour demander au comité d’organisation ce qui va rester après (…)
Sur l’héritage lui-même, à nous d’être davantage proactifs pour demander au comité d’organisation ce qui va rester après, et comment nous pouvons aider à valoriser cet héritage. Il faudra voir comment les agences peuvent travailler sur les nouveaux lieux créés pour l’occasion, réutiliser certains éléments, etc. A ma connaissance, ce sujet n’a pas encore été évoqué mais il est important.
Un point marché maintenant. Juin est traditionnellement un mois à l’activité très dense, dans quelle mesure est-ce le cas cette année ?
Après une année 2022 tout à fait exceptionnelle, juin 2023 est assez semblable à juin 2022. Seul bémol, le second semestre 2023 qui donne quelques signes d’inquiétude. Les appels d’offres se concentrent sur 2024 qui sera une année phare. C’est une bonne nouvelle car cela nous offre une visibilité qui fait souvent défaut. Et ce n’est pas lié simplement aux Jeux olympiques et à leurs partenaires, les autres annonceurs veulent aussi rayonner et être entendus. 2024 devra donc connaître de nombreux grands événements avec de beaux budgets, dans un contexte où il sera compliqué de trouver des lieux, des prestataires, ou encore des freelances disponibles.
Quid du rapprochement entre LÉVÉNEMENT et l’UNIMEV, sujet qui n’est pas nouveau ?
En effet, c’est toujours un sujet actif et les discussions ont toujours continué lors du mandat de Cyril de Froissart. L’idée étant de se dire que l’on est plus fort ensemble, mais tout en gardant nos spécificités et notre ADN. C’est bien là la question essentielle.
Pour conclure, deux mots pour définir votre mission ?
Ma mission sera énergique et très opérationnelle en mettant tout le monde autour de la table pour faire avancer notre métier. 2024 sera une année tout à fait exceptionnelle, nous avons tous hâte d’y être. Les JO sont un rêve absolu, ils illustreront ce pas de côté qui fait la spécificité de l’événementiel français.
Dernier point, j’aimerais souligner le travail réalisé par mes deux prédécesseurs, à savoir Bertrand Biard qui a su mettre sur pied LÉVÉNEMENT et faire bouger les lignes, et Cyril de Froissart qui a repris les rênes après Covid et nous a fait avancer dans la stabilité et avec une vision. 2023 et 2024 sont de belles échéances, mais nous devons être prêts pour 2025 et ainsi prendre la main sur notre métier.
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