22 février 2022

Temps de lecture : 4 min

“La transformation écologique de notre secteur n’est pas un objectif mais une obligation !”

Les signaux sont quasiment tous au vert pour une reprise sereine de l'activité événementielle. On en parle avec le président de l'association LÉVÉNEMENT, Cyril de Froissard.
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LÉVÉNEMENT a repris sa tournée auprès des agences membres de l’association. Dans quel état d’esprit se trouvent-elles actuellement ?

Les agences nous disent que le marché reprend peu à peu mais que les opérations peinent à se concrétiser. Nous constatons que les clients ont anticipé la sortie de crise et nous sollicitent à nouveau mais il y a un délai incompressible de remise en route de l’activité et de reprogrammation des événements. Même s’il y a des frémissements, nous ne retrouverons pas nos niveaux habituels d’activité d’ici Pâques. Cela confirme, comme on s’en doutait, que la reprise n’est pas immédiate et qu’il y a un temps de latence avant qu’elle ne soit vraiment effective.

Des mois de mai et juin très denses en perspective donc ?

Oui en effet. Ces deux mois devraient être riches en événements et nous garderons une activité soutenue sur les mois de septembre, octobre et novembre, comme cela avait été le cas l’an dernier.

Quels sont les typologies d’événements sur lesquels les donneurs d’ordre vous sollicitent actuellement ?

Nous sommes revenus au standard traditionnel, avec beaucoup de demandes d’événements en présentiel. Il y a une véritable volonté de renouer avec des dispositifs assez classiques, même si cela reste un peu compliqué sur les événements internationaux, compte tenu des difficultés qui peuvent perdurer en termes de transport. Par exemple, le tourisme d’affaires reste perturbé en Asie par certaines fermetures de frontières ou par des conditions pour venir en France compliquées.

Cette demande de dispositifs mixtes est une nouveauté mais non une surprise (…)

On s’aperçoit également que les formats hybrides qui se sont installés durant la crise sanitaire continuent à nous être demandés. Cette demande de dispositifs mixtes est une nouveauté mais non une surprise car nous pressentions que cette tendance allait se confirmer. S’agissant des cibles auxquelles les events s’adressent, il n’y a pas de règle absolue. Il y a beaucoup de demandes à destination des publics internes, liés notamment à l’éloignement des collaborateurs du fait du télétravail et au besoin de fédérer les équipes. Pour autant, nous sommes également consultés sur des opérations touchant l’ensemble des parties prenantes des entreprises.  

La concentration des acteurs que l’on a constaté courant 2021 est-elle une tendance qui peut durer ? 

Chaque crise amène son lot de rapprochements, ce n’est donc pas nouveau. Il y a eu en effet une petite consolidation du marché des agences qui s’est opérée, mais rien d’exceptionnel à mon sens. D’autant que les agences ont bien été accompagnées économiquement par l’Etat et non pas été contraintes de s’associer pour assurer leur survie. Est-ce que ce phénomène va continuer ? Est-ce que demain fera la part belle aux gros acteurs ? Je n’en sais rien mais je reste persuadé qu’il y a de la place pour tout le monde. Nous avons besoin de grands groupes, des leaders capables d’accompagner leurs clients dans des domaines multiples mais aussi d’acteurs plus petits, peut-être plus agiles et réactifs sur des demandes ciblées. Cela étant, la crise sanitaire nous a appris qu’il était périlleux de ne compter que sur la seule expertise événementielle et que les agences pure-players devaient s’ouvrir à d’autres disciplines et expertises telles que les RP, l’influence, le management de communautés sur les réseaux sociaux, etc. A chacun de trouver son modèle ou à l’imaginer.

Comment se porte la relation agences/annonceurs ? Y a -t-il une amélioration ? 

Nous notons une prise de conscience de certains annonceurs qui sont en train de changer. Pour autant, tout ne va pas se régler en un instant et on sait que c’est sur la durée que l’on pourra témoigner d’un réel changement. Il reste encore des sujets compliqués, des compétitions mal menées et la rémunération des appels d’offre pour laquelle nous ne sommes pas en phase avec nos clients. Répondre aux compétitions représente un réel investissement pour les agences, aussi nous continuerons de nous battre pour obtenir gain de cause.

La transformation écologique du secteur : un objectif ou une priorité ?

Cette transformation est évidemment un axe stratégique pour LÉVÉNEMENT comme pour l’ensemble de la filière événementielle. Même si nous faisons beaucoup de choses pour réduire notre impact depuis plusieurs années, nous ne restons pas à l’abri des critiques sur l’aspect éphémère de nos réalisations et du gaspillage que cela peut engendrer. Mais la prise de conscience est bien réelle.

En signant de nouveau ces Engagements pour une Croissance Verte, nous témoignons de la nécessité de nous transformer. 

En signant de nouveau ces Engagements pour une Croissance Verte, nous témoignons de la nécessité de nous transformer. Et cela dépasse le simple objectif, c’est une obligation. Cela va nécessiter des choix à faire dès la phase de conception des events, et la mise en place d’une économie circulaire pour laquelle nous pouvons être force de propositions. Evidemment, nous devons aussi pousser nos clients à suivre le mouvement, à faire fi des contraintes et à admettre que cette démarche responsable peut avoir un coût financier. En tous les cas, il y a une intention puissante de la part des acteurs de la filière d’avancer dans le même sens, nous y travaillons, et je souhaite qu’il y ait, dans l’année qui vient, des initiatives témoignant que nous allons dans le bon sens.

La crise sanitaire a quelque peu mis à mal l’attractivité des métiers de la filière et celle-ci connaît des problèmes de recrutement actuellement. Où en est-on ?

Nous devons déjà communiquer sur nos métiers. Certains d’entre eux, notamment en agence, sont parfois méconnus. Il faut montrer comment s’organise la vie au sein d’une agence et quel type de métier il est possible d’exercer. Ensuite, le métier attire toujours autant les jeunes mais ce qui peut leur faire peur c’est le rythme et la pression. Mais nous avons tous les atouts nécessaires, grâce également aux grands événements qui se profilent, pour attirer les talents. A nous aussi de nous adresser à des profils différents – et je pense évidemment aux talents du numérique – car nous allons avoir besoin de nouveaux profils. Sur le territoire du numérique nous faisons face à une concurrence qui est farouche car ces profils sont très recherchés. Tout l’enjeu va donc être de séduire pour attirer les jeunes talents. Enfin, nos métiers doivent être davantage visibles dès les formations initiales et nous travaillons en ce sens.

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