26 janvier 2022
Temps de lecture : 4 min
ous venez de présenter à l’Assemblée nationale le rapport de la mission que vous avez menée avec le député Philippe Naillet sur l’impact de la crise Covid sur le secteur événementiel. Qu’est-ce qui a prévalu à cette mission ?
Tout d’abord, l’événementiel est un secteur que je connais bien, ayant été directrice traiteur pour le FC Barcelona durant 6 ans. Au tout début de la crise Covid, mes collègues de l’Assemblée mais aussi mes interlocuteurs au gouvernement m’interrogeaient d’ailleurs régulièrement pour mieux cerner les contours de la filière.
J’ai proposé une mission sur l’événementiel qui a été acceptée fin juin 2021
Par ailleurs, j’avais informé le président de la commission aux Affaires économiques que je travaillais énormément avec les professionnels des événements de ma circonscription en Occitanie. Lorsqu’il s’est agi de définir deux missions de la commission économique, j’ai donc proposé une mission sur l’événementiel qui a été acceptée fin juin 2021. Et six mois plus tard, j’ai rendu le rapport dont il est question aujourd’hui.
Quel en était le périmètre ?
Concernant le périmètre du rapport, je souhaitais qu’il prenne aussi en compte les lieux de réceptions, les gestionnaires de salles, les traiteurs, etc. qui ont été terriblement impacté par la crise sanitaire. C’est pourquoi le rapport évalue également l’activité des événements privés tels que les mariages. Comme vous le savez, la chaîne de valeurs de l’événementiel se constitue de très nombreux métiers et ne se résume pas aux seuls gros acteurs tels que GL events.
Si votre rapport salue l’accompagnement de l’Etat en faveur du secteur pour surmonter les conséquences économiques de la crise sanitaire, vous proposez d’aller encore plus loin avec de nouvelles mesures. Quelles sont-elles ?
L’objectif de ces propositions est de prévoir des réponses adaptées face à des situations de crises comme celle que nous venons de traverser. De mettre au point des mécanismes judicieux et agiles pour réagir à l’instant T. Il faut bien reconnaître qu’il y a eu un temps de latence important au début de la pandémie, du fait de la méconnaissance du secteur mais aussi de sa désorganisation. Le gouvernement n’avait pas d’interlocuteurs clairement identifiés en dehors de l’UNIMEV qui a fait un travail formidable. Et l’Administration a dû oeuvrer avec minutie pour adapter ses mécanismes globaux à des cas particuliers.
De plus, il faudrait que les directions régionales des finances publiques qui ont mis en place des mécanismes complexes à cette occasion communiquent davantage entre elles. Il serait ainsi nécessaire d’établir une liste de bonnes pratiques pour optimiser les process.
Vous proposez également la création d’un fonds de garantie qui couvrirait les professionnels de l’événementiel en cas de défaillance. Une structure qui s’apparenterait à l’APST qui prévaut dans le tourisme ?
Cela me semble très important. Il va falloir tout d’abord que la profession s’organise davantage, notamment à travers une fédération qui chapeauterait tous les métiers tout en regroupant ces derniers dans différents collèges.
Il est impératif de mettre en place une cotisation financée par les entreprises pour créer un fond de garantie auquel abonderait également l’Etat.
De plus, il est impératif de mettre en place une cotisation financée par les entreprises pour créer un fond de garantie auquel abonderait également l’Etat. Ce fonds permettrait de réagir tout de suite en cas de problème pour aider les professionnels. Et puis, il faut que les assurances jouent le jeu. Ces dernières ont eu une attitude dramatique face à la crise Covid. Evidemment, cela aura un coût en termes de cotisation, mais je pense que les entreprises y réfléchiront au regard de ce qu’elles viennent de traverser.
Lors de la présentation de votre rapport à la Commission des Affaires économiques, nombre de vos collègues députés ont témoigné de l’importance de l’activité événementielle pour leur territoire. Faut-il des actions locales plus fortes pour en développer le potentiel ?
En juillet dernier, au tout nouveau MEETT de Toulouse, s’est déroulé L’Essentiel festival. Un événement ayant vocation de mettre en évidence le caractère essentiel des métiers de l’événement. Ce fut une opération formidable au cours de laquelle une cinquantaine de professionnels sont montés sur scène pour se faire connaître. La région et la métropole ont accompagné cette initiative qui a permis, à son échelle, de mettre en lumière l’événementiel. Sans imaginer forcément de mêmes types d’événements, il est nécessaire de poursuivre ce travail de visibilité auprès des élus locaux. Et il faudrait que la future fédération ait des représentants en région.
Outre la problématique économique, vous préconisez une meilleure représentativité de la filière. N’est-ce pas compliqué au regard de la multiplicité des acteurs et des interlocuteurs au sein du gouvernement ?
En effet. Au début de la crise, nous avions trois ministères qui étaient concernés, à savoir les ministères des PME, du tourisme et de la culture. Nous avons donc perdu du temps et les premières aides ne sont advenues que 6 mois plus tard. Il est donc essentiel de définir clairement à quel ministère est rattaché le secteur de l’événementiel.
Quelle va être la suite donnée à votre rapport ? Peut-on attendre l’annonce de nouvelles dispositions à brèves échéances, en dehors des récentes mesures d’accompagnement annoncées par le Premier ministre ?
Ce rapport va être envoyé à toutes les personnes que j’ai auditionnées mais aussi au CCI qui le diffuseront dans leur territoire. Il sera également remis aux ministres Bruno Le Maire et Jean-Baptiste Lemoyne. Mon objectif, si je suis réélue, est de monter un groupe de travail à l’Assemblée nationale sur l’événementiel qui regrouperait plusieurs députés qui seraient des porte-paroles du secteur à l’échelle nationale.
J’ai fait ce travail à l’échelle de ma région l’Occitanie mais déployons-le à chaque région (…)
J’ai fait ce travail à l’échelle de ma région l’Occitanie mais déployons-le à chaque région, avec un député qui connaisse bien le secteur et éventuellement amende des lois en sa faveur. Je ne parle pas de lobbying mais bien d’écoute des préoccupations. Pour être efficace à l’Assemblée, il faut souvent travailler en meute pour être écouté !
Quelles(s) analyses(s) faites-vous de ce secteur finalement mal connu de nos concitoyens ?
Désormais le gouvernement et le grand public connaissent le secteur de l’événementiel et c’est un point très positif. Maintenant, la filière manque un peu de structures et de professionnalisation, de structures en matière de formations pour apprendre tous les métiers de l’événementiel notamment. Travailler dans l’événementiel ne doit pas relever du hasard mais de la vocation. Il faut former les jeunes à la diversité de ces métiers. Enfin, la crise que nous venons de traverser a permis au secteur de grimper 10 marches d’un coup en termes de reconnaissance. C’est vraiment l’aspect positif de cette crise !
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