27 janvier 2021
Temps de lecture : 4 min
Comment la marque Maison&Objet a-t-elle vécu l’année 2020 ?
Nous faisons partie des chanceux de 2020 qui ont pu tenir leur manifestation, tout au moins pour notre édition de janvier, ce qui nous a néanmoins permis de sauver notre année. Ensuite, comme tout le monde, nous sommes entrés dans la phase des confinements, des reports, du manque de visibilité, etc. Mais nous avons très vite basculé sur le digital, d’autant plus facilement que nous avons notre propre plateforme digitale depuis 2016. Cela nous a donc permis d’être hyper réactifs et de proposer des alternatives au salon physique. En septembre 2020, nous avons réalisé notre première Digitale Fair durant 3 semaines, tout en considérant que le digital n’est pas un succédané de salon.
Nos publics ont besoin de venir sentir les tendances de Paris, de repérer les nouvelles boutiques, les hôtels, etc
Nous avons pu nous appuyer sur la tenue en physique de la Paris Design Week qui permet de créer des rencontres en live. Nos publics ont besoin de venir sentir les tendances de Paris, de repérer les nouvelles boutiques, les hôtels, etc. ils sont friands de cela et cela nourrit leur inspiration. Enfin, quand il s’est agi de penser à la session de janvier 2021, nous l’avons dans un premier temps décalé en mars pour finalement l’annuler en début d’année. Désormais, notre perspective est bien évidemment le salon de septembre 2021.
Vous allez néanmoins organiser des rendez-vous virtuels réguliers ?
En effet. À partir de cette semaine et jusqu’à fin mars, nous mettons en place 8 Digital Days, par segments de marché ou bien par grandes thématiques, qui permettent de mobiliser une offre cohérente et une audience qualifiée. Ils se déroulent sur 3 jours, avec la possibilité d’avoir une interaction forte entre les marques et les acheteurs, notamment via un système de live tchat.
Avec un fort levier business ?
Le digital ne fait pas tout mais une bonne partie du job en termes de business. Il permet aux marques de présenter leurs nouveautés et aux acheteurs de les découvrir puis d’entrer en contact. Cela nous permet également de toucher une audience plus large géographiquement et/ou des prescripteurs recherchant des produits très pointus et qui ne se seraient pas nécessairement déplacés physiquement. Rappelons que le visitorat de Maison&Objet est international à plus de 50% et à 65% en termes d’exposants.
Qu’utilisez-vous comme outils digitaux ?
Nous avons développé notre plateforme MOM (Maison&Objet and more) en 2016, un outil sur-mesure que l’on arrive à mettre à jour en permanence en interne avec nos propres développeurs et chefs de projets. Cela nous permet d’être très réactifs. Je crois assez peu aux plateformes clé en main qui se développent actuellement et qui manquent de flexibilité. C’est comme comparer un stand prêt à exposer et un stand déco. Surtout, nous nous appuyons sur nos datas qui apportent énormément en termes de qualification et nous permettent de matcher les profils. Notre système d’intelligence artificielle est basé sur du déclaratif mais surtout du comportemental. Ainsi la plateforme digitale permet de récolter de la data au long cours, puis de pousser des produits nouveaux qui correspondent à des attentes et besoins identifiés.
Le digital vous permet donc de devenir un média en quelque sorte ?
Concernant les produits, nous prenons la parole quasiment tous les jours sur la plateforme digitale MOM. Les marques peuvent mettre à jour leurs nouveautés quand elles le souhaitent et les acheteurs se connecter à volonté. Toutes les semaines nous mettons en avant nos sélections et recommandations.
Actuellement nous travaillons sur un projet de modèle économique qui puisse générer des revenus de la part des visiteurs
Actuellement nous travaillons sur un projet de modèle économique qui puisse générer des revenus de la part des visiteurs. Un système d’abonnement de type forfait mensuel qui leur permettrait d’accéder toute l’année à une multitude de contenus professionnels. Outre les contenus produits, il donnerait accès à des recommandations, des données marché, des conseils et expertises. Nous partons donc de nos assets – à savoir nos datas et notre expertise du marché – pour les faire vivre toute l’année. Cela pourrait se concrétiser d’ici la session du salon de septembre.
Diriez-vous que votre métier a évolué et que vous n’êtes plus qu’un « simple » organisateur de salons ?
Nous avions déjà franchi un cap sur le digital, et aujourd’hui cela représente une réelle source de revenus avec un modèle économique ad-hoc. Cela nous oblige à reconsidérer la mission d’organisateur de salons. Pour nous, cette mission est d’accompagner dans leurs développements les acteurs de notre filière.
Comment se porte la filière de la décoration justement ?
Elle se porte plutôt bien car à cause de la crise sanitaire les gens sortent moins, cuisinent voire travaillent depuis chez eux et portent davantage d’attention à leur intérieur. Un phénomène accentué par le télétravail qui a nécessité parfois de s’équiper en mobilier dédié. Donc le secteur va bien en comparaison d’autres filières.
Certains ont pu écrire que si 2020 avait été l’année de la digitalisation des conférences, l’année 2021 pourrait être l’année de la virtualisation des salons ? Qu’en pensez-vous ?
Je n’ai jamais cru aux salons virtuels et j’y crois de moins en moins. Participer à un salon via un avatar qui se balade, cliquer sur des stands, etc., représente une perte de temps selon moi. Les visiteurs veulent un accès rapide à l’information. Après, tout dépend de la technologie mise en place. Avoir un stand en 3D par exemple, pourquoi pas, mais il faut que l’expérience utilisateur soit bonne et aujourd’hui elle demeure rarement efficace.
Enfin, travaillez-vous à votre prochaine édition physique différemment en termes d’expérience visiteurs/exposants ?
Aujourd’hui nous interrogeons notre écosystème afin de savoir ce qu’ils attendent d’un salon à court terme. La tendance est à une véritable attente de ce moment de rencontres physiques. Les professionnels ont des habitudes auxquelles ils tiennent, cependant le digital prendra davantage de place. Par exemple, les stands pourront être des lieux pour réaliser des lives sur Instagram, des vidéos postées ensuite sur YouTube, etc. Leur présence sera donc upgradée par les médias digitaux et du même coup cela optimisera leur ROI.
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