24 octobre 2024

Temps de lecture : 5 min

« Il y a véritablement un changement de mentalité au sujet du réemploi et de la matière sur les événements ” Audrey Chavancy, directrice Risques & RSE de GL events

GL events et Muto avancent désormais main dans la main pour baisser concrètement l’empreinte carbone des événements et développer le réemploi. Explications avec Audrey Chavancy, directrice Risques & RSE de GL events et Vincent Raimbault, fondateur de Muto. 

Qu’est-ce qui a animé GL events à se rapprocher de Muto pour réduire son empreinte carbone ? 

Audrey Chavancy : En préambule, je rappellerai que le groupe GL events représente un chiffre d’affaires d’environ 1,4 milliard d’euros, une présence dans 20 pays, plus de 5 500 collaborateurs et plus d’une vingtaine de métiers. Ces derniers sont répartis dans 3 branches, à savoir l’organisation de salons, l’accueil d’événements et le volet prestations de services. La politique RSE du groupe s’appuie quant à elle sur 3 axes : la réduction de l’empreinte carbone, la maximisation de l’économie circulaire – et c’est là que Muto s’inscrit pleinement – et le développement de notre ancrage territorial. 

Le modèle de Muto et le nôtre sont donc en phase, et peuvent s’appliquer à tous types d’événements et aux différentes business unit du groupe GL events. Nous avons beaucoup de rotation d’actifs mais nous avons néanmoins des déchets à traiter, en fonction de ce que nous commandent les exposants par exemple. Ces déchets-là, nous voulons vraiment les réduire au maximum. Notre première collaboration avec Muto s’est opérée sur le salon Première Vision, et nous sommes presque en avance de phase car ils ont réussi à nous suivre et à séduire nos opérationnels très rapidement. 

Y a -t-il une business unit sur laquelle il est plus facile de travailler à cette réduction ? Je pense par exemple à vos événements propriétaires ? 

A.C. : Nos salons/exhibitions ou événements organisés dépendent aussi de ce que les exposants vont vouloir organiser sur site. C’est là que Muto intervient, soit auprès de l’organisateur soit du prestataire de services, en fonction du territoire. Ce dernier point est important car cela participe à la création d’une dynamique locale vertueuse. 

Comment Muto se déploie sur le territoire justement ? 

Vincent Rimbault : Il faut tout d’abord avoir en tête que plus de 80% des aménagements utilisés sur les salons/exhibitions relèvent du locatif, donc la part à traiter, composée en grande partie de consommable, reste faible. C’est sur cette partie que nous nous concentrons avec les équipes de GL events. Rappelons également que le recyclage n’est pas forcément la solution adéquate et que notre démarche privilégie avant tout le réemploi. 

Pour répondre à votre question, il faut aussi rappeler qu’environ 70% des événements en France se tiennent à Paris et sa région. Nos espaces de stockage se trouvent donc en Île-de-France, car c’est là que les plus gros événements se déroulent. Pour autant, il existe d’autres bassins événementiels sur le territoire, dont la région Rhône-Alpes où est implanté GL events. Mais nous y intervenons différemment, au travers notamment d’un réseau local de bénéficiaires que nous allons pouvoir alimenter directement. De notre côté, nous opérons le volet coordination sur site, avec une organisation initialement décentralisée. Cela nous demande évidemment d’anticiper, et de mailler le territoire de partenaires clairement identifiés. Par ailleurs, nous travaillons à un projet de ressourcerie avec la Métropole du Grand Lyon que nous aimerions ouvrir en 2026. En résumé, il y a un besoin de matières partout, et il y en a partout à récupérer ! 

A.C. : Il est important de souligner qu’il y a véritablement un changement de mentalité concernant le sujet du réemploi et de la matière. Il y a encore quelques années, on ne voulait pas voir et encore moins traiter ce sujet, alors qu’aujourd’hui on a le réflexe de se demander ce qu’il est possible de faire avec telle ou telle matière. D’autant que l’on constate que ce traitement n’entrave pas le travail opérationnel de nos équipes, il n’impacte pas les phases de démontage, c’est même une victoire collective que l’on s’approprie désormais. 

J’ai pris en main la RSE du groupe il y a 3 ans, sans rien connaître au sujet. Et ce qui m’a séduit chez Muto c’est d’être l’un des rares acteurs qui prend en compte à mesure de ses actions. Ils sont très pragmatiques et de plain-pied dans le concret. 

V.R : Et nous allons nous améliorer en nous plaçant au-delà du calcul de l’empreinte carbone, en nous appuyant davantage sur les outils de l’ADEME. A partir de 2025, l’agence va ouvrir ses bases de données et donner accès à beaucoup d’autres indicateurs comme sur la qualité de l’air, sur l’eau, la biodiversité, etc., ce qui va nous permettre d’entrer davantage dans le détail. 

Comment vos engagements sont suivis et appréhendés de la part de vos clients ? 

A.C. : Nous avons beaucoup de référents RSE au sein de nos business unit, et nous réalisons des Retex très régulièrement. Cela permet à ces référents d’avoir des éléments tangibles à délivrer à nos clients. Tout commence par de l’acculturation en interne donc. 

Autre gros challenge avec les grands événements internationaux, de type Jeux olympiques ou COP. Il n’y a que GL events qui bénéficie d’une portée internationale et nous voyons bien les évolutions dans les cahiers des charges de nos clients. Et il y a une vraie satisfaction à voir se déverser ces différentes exigences sur les prochains grands événements. Je pense notamment aux JO d’hiver à Milano/Cortina où dès le début des appels d’offres, on nous a demandé un niveau d’engagement extrêmement fin en termes de seconde vie des produits, de gestion de nos datas, d’impact sociétal localement, etc. On le voit également sur les COP avec des demandes clients jamais vues jusqu’à maintenant. Nous allons donc dans la bonne direction, même si cela prend du temps. Enfin, la filière de l’événementiel français, et en particulier Unimev, porte ces sujets pour que tout le monde marche dans la même direction. En tant que grand groupe, le travail que nous réalisons participe aussi à donner le ton à l’échelle de toute la filière. 

V.R : J’ajouterai que la filière est encore à l’ère du calcul de l’empreinte carbone, mais il faut aussi passer concrètement à l’action. Et c’est justement ce que nous avons fait avec le groupe GL events, sans attendre d’avoir tout calculé au chiffre près pour agir. Nous apprenons en marchant, avec des tests grandeur nature sur les events, comme cela a aussi été le cas sur les JOP Paris 2024. Il est vrai que le secteur événementiel n’a pas de contrainte légale concernant la gestion de ses déchets, ni de filière REP, c’est donc avant tout une question d’engagement des entreprises, de retombées en termes d’image de marque, d’économie aussi, car nos services coûtent 3 fois plus cher que l’usage d’une benne. Cela reste une question car j’ai encore 3 clients sur 4 qui ont envie de bien faire mais qui n’ont pas le budget. Grâce aux moyens de GL events, on peut véritablement expérimenter et avancer ! 

Comment voyez-vous évoluer la collaboration entre Muto et GL events ? 

V.R : GL events s’est intéressé à notre action très rapidement, j’ai ainsi pu participer à de nombreuses réunions pour évangéliser en interne. Le groupe étant tentaculaire, il s’agissait de faire savoir au plus grand nombre. Parallèlement, Muto peut intervenir pour des organisateurs d’événements opérant avec GL events. Nous n’avons pas de contrat cadre ensemble mais, dans une logique partenariale, nous allons faire en sorte de nous solliciter mutuellement, de partager, etc. 

A.C. : Mon rôle est aussi de faire de la prévention. C’est ce que nous avons fait avec Muto et le fait que nous ayons convaincu les opérationnels est pour moi la meilleure des victoires. Cela produit un effet tâche d’huile sur l’ensemble de la chaîne de valeur, tout en s’adaptant aux différentes configurations, territoires, etc. C’est de la collaboration efficace pour les deux parties. 

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