Directeur marketing et innovation d’Unimev, mais également rédacteur de cher de l’Innovatoire, Anthony Fauré revient pour nous sur l’actualité de l’Innovatoire et plus largement sur celle de la filière événementielle.
L’Innovatoire fête ses deux ans. Pouvez-vous nous rappeler quels sont sa vocation et ses objectifs ?
La vocation de l’Innovatoire est triple : être une plateforme de savoirs pour permettre aux professionnels de la filière événementielle d’innover et se transformer, en prenant conscience des effets des mutations sociétales, économiques, technologiques à l’œuvre sur les modèles et formats événementiels.
Ensuite, prouver aux écosystèmes « d’acheteurs » (marques, territoires, associations-fédérations, grand public…) en quoi les événements sont des outils majeurs à utiliser dans leur stratégie personnelle, par rapport aux autres outils marketing à leur disposition.
Enfin être une plateforme de désirabilité et visibilité pour cette filière en montrant sa richesse souvent méconnue de l’extérieur. Tout cela s’incarne sur notre site internet www.linnovatoire.fr à un rythme de deux publications mensuelles.
En matière de tendances et d’innovations, quelles sont celles qui se sont dégagées au travers notamment de vos interviews et enquêtes ?
L’Innovatoire s’intéresse aux mouvements profonds qui impacteront demain la filière. Parmi les sujets détectés, il y en a plusieurs : d’abord celui de l’éthique qui, petit à petit, est mise au cœur des processus événementiels. Ethique par le mode de production plus durable de l’événement qui évolue, mais au-delà par le contenu même proposé par l’événement et surtout, son « purpose ». Des événements qui naissent, comme ChangeNOW, Impact ou laMerXXL, en se structurant autour de cet héritage sociétal à laisser au collectif.
Je citerais une autre tendance autre que le classique sujet du phygital (l’hybridation du physique et digital), c’est celui de l’expérience narrative. Passer d’un programme événementiel à une narration événementielle émerge dans certains discours. Cela a un impact sur la forme de l’événement, sur la manière d’animer la communauté entre deux événements (par du contenu intellectuel plus que commercial), sur la place à laisser aux visiteurs dans cette scénarisation, etc.
A l’aune de la crise sanitaire qui a tétanisé le marché événementiel, et outre l’aspect purement économique, quels sont les enseignements et messages qui vous paraissent importants de relever ?
Que nous avons beaucoup trop parlé du digital « par opposition » à la rencontre physique et qu’il faut sortir du débat « de vieux » (dont je fais partie). C’est aussi dépassé que de se demander si le téléphone va remplacer la rencontre physique. Dépassons ce débat sur l’outil, comprenons ce que le digital peut apporter en termes de valeur ajoutée aux publics ; enfin réinterrogeons ce qui motivera la rencontre physique en termes d’expérience physique par la communauté, par le territoire,… afin de structurer les stratégies marketing et innovation de demain. Les stratégies qui réussiront seront celles qui saisiront les enjeux du moment, s’adapteront et projetteront leurs publics dans l’avenir. Les événements qui ne le feront pas risquent de décliner.
L’Innovatoire accompagne les acteurs de la filière dans leur nécessaire transformation. Quelle(s) transformation(s) vous paraît cruciale à court et moyen termes ?
Il y en a tellement et les métiers sont vraiment différents… mais j’aimerais en évoquer deux. La première est une révolution « culturelle », dans le sens où il est impératif de passer d’une logique de marketing de l’offre au marketing de la demande : s’intéresser à ses publics, qualifier leurs pratiques et usages, comprendre leurs besoins (pas simplement vis-à-vis de l’événement mais vis-à-vis de leur stratégie personnelle), dialoguer avec eux comme invite à le faire le marketing conversationnel… bref, aller beaucoup plus loin grâce aux outils existants. Le second point concerne le rapport à cette demande, cette communauté ou écosystème, et la place à lui laisser dans la stratégie marketing, communication, commerciale… de l’entreprise. Ma conviction est qu’il faudra de plus en laisser la main aux communautés, clients et ambassadeurs (réels), en créant de moins en moins de messages formatés à reprendre tels quels par la communauté, mais en lui laissant son territoire de création et en se positionnant comme relai derrière. C’est inverser la logique actuelle, en fait. Très difficile mais pour moi, quand on parle d’engagement et d’authenticité, on est en plein dedans.
Pouvez-vous nous dire un mot de la Fabrik Numérique Evénementielle sur laquelle vous travaillez actuellemement ?
La Fabrik’ Numérique Evénementielle est le dernier né des groupes de travail chez Unimev qui se réunissent soit par métier (organisateur d’événement professionnel, gestionnaire de site,…) soit par compétence (marketing, RSE/DD, juridique,…). Nous avions de nombreux prestataires adhérents d’Unimev qui composaient une communauté que nous n’animions pas sans doute suffisamment. Au vu de la période, de l’énergie folle mise par ces prestataires pour aider la filière, des enjeux d’avenir de ce sujet, il nous paraissait logique de donner un espace de travail réel à ces prestataires numériques avec une vraie feuille de route : construire ensemble des indicateurs digitaux, produire ensemble des études utiles à la filière, concrétiser par des productions intellectuelles l’apport du digital pour tous les autres métiers… une trentaine de prestataires digitaux sont prêts à s’impliquer dans cette dynamique. On a hâte de faire notre réunion de lancement et d’initier des projets !