7 février 2024

Temps de lecture : 4 min

“En 20 ans, l’événementiel est passé des opérations de relations publiques au brand entertainment.”

Avec son complice de toujours Lionel Laval, il pilote depuis plus de 20 ans l’agence Shortcut Events. Christophe Pinguet analyse pour nous les décennies passées, mais n'en oublie pas de s’inscrire dans le présent et un avenir des events qu’il trouve toujours aussi passionnants.
© Stéphane Ait Ouarab

© Stéphane Ait Ouarab

Al’occasion des 20 ans d’INfluencia, MyEventNetwork regarde dans le rétroviseur. Comment avez-vous vu évoluer l’événementiel au cours des deux dernières décennies ? 

J’en ferai l’analyse en deux points. Tout d’abord, il y a maintenant un peu plus de 20 ans est née toute une nouvelle génération événementielle, dont Shortcut a fait partie avec d’autres tels que Auditoire, Double 2 et quelques jolies marques qui ont réussi à évoluer. 

Nous avions des aînés qui apportaient déjà des pré-contenus dans les événements, souvent liés à l’artistique, aux émotions, etc., quand la nouvelle génération a vite compris que le contenu allait se développer, avec du brand content, du storytelling, donnant ainsi une autre envergure aux événements. C’est alors l’entrée du marketing dans l’événementiel et les prémices de l’expérience de marque dans les événements. 

Parallèlement, sont arrivées de nouvelles technologies et de l’innovation. Déployer de très beaux cocktails pour des grandes marques ne suffisait plus, aussi la vidéo, les grandes images se sont imposées, avec toute une infrastructure technique qu’il a fallu maîtriser. D’ailleurs, les Français ont été des précurseurs en la matière, avec ces shows pour les entreprises qui sont devenus des conventions. En résumé, en 20 ans nous avons vu l’événementiel passer des opérations de relations publiques en véritable brand entertainment. 

C’est l’évolution d’un métier qui passe de celui de recevoir, à celui de rendre possible la valeur exponentielle du contenu et de l’influence. 

Certaines agences ont réussi à prendre ce tournant, quand d’autres sont restées dans les relations publiques. Chez Shortcut Events, nous avons donc relier tout ce qui a trait à l’émotion, avec la puissance de la technologie. C’est l’évolution d’un métier qui passe de celui de recevoir, à celui de rendre possible la valeur exponentielle du contenu et de l’influence. Aujourd’hui, l’événement peut être le point de départ d’une campagne d’influence, mais c’est aussi un élément alibi pour maximiser son ROI sur les réseaux sociaux, surtout pour les entreprises et grandes maisons qui ont un potentiel à l’international. 

Quels sont les enjeux actuels pour le secteur événementiel ? 

Je distingue deux enjeux à voir tels des abscisse et ordonnée. Le quotidien d’une agence actuellement, et ce jusqu’en 2025, c’est Paris 2024. Nous avons tous à délivrer un événement, une promesse que l’on fait à notre profession et à nos métiers car, au pays de Vatel, il nous faut être exemplaires. Cette promesse est également faite aux Français, afin que ces Jeux soient accessibles au plus grand monde. Enfin, à cette occasion le monde s’ouvrira encore davantage, et les entreprises vont faire des investissements pour émettre une image qui rayonne mondialement. Des agences comme Auditoire, Havas Event ou Shortcut ont déjà une matrice internationale pour répondre à ce défi. Il nous faut aussi nous projeter sur l’après-Paris 2024. Il s’agira alors d’aller chercher des clients à l’international et de continuer à exporter notre savoir-faire. Voilà pour la ligne horizontale. 

Cette innovation est un véritable tsunami dans un modus operandi digital de plus en plus rapide, où les évolutions sont notables d’une semaine à l’autre. 

En concomitance, il y a un facteur qui ne cesse de nous challenger, à savoir le développement de l’IA. Cette innovation est un véritable tsunami dans un modus operandi digital de plus en plus rapide, où les évolutions sont notables d’une semaine à l’autre. Nous nous retrouvons donc, en parallèle de notre développement business, à devoir penser tous les jours à l’évolution de notre créa, de notre esthétisme, etc. Cela impacte l’employabilité des collaborateurs – avec des formations à prévoir – d’autant que nos clients sont déjà fortement investis sur les sujets liés à l’intelligence artificielle. A nous d’aller plus vite qu’eux pour tenir notre rôle d’agence et continuer de les éblouir. C’est un travail incroyable et merveilleux qui ouvre le champ des possibles pour notre métier. Cela va remettre les pendules à l’heure, mais aussi les budgets, et impacter nos business models de manière profonde. 

Comment voyez-vous la relève de la profession ? 

Le sujet de la transmission et du transgénérationnel me tient particulièrement à cœur. Ceux qui ont inventé le métier dans son acception moderne vont se retirer d’ici une dizaine d’années, métier qui par ailleurs s’est transformé par l’arrivée des jeunes générations. La question est donc de savoir comment créer les élites qui demain dirigeront les agences. 

Je ne suis pas inquiet sur l’appétence et le goût de l’événementiel chez les jeunes. La culture des marques et du brand content est nourrie par de nouveaux profils venus d’écoles de commerce ou de Sciences Po. Enfin, je trouve que les écoles qui délivrent des formations événementielles sont assez bien faites pour insuffler à la fois l’esprit de la fête, du commerce et de la création. Je demeure donc assez confiant. 

L’une des actualités de Shortcut Events est la cérémonie de panthéonisation du résistant Missak Manouchian et de son épouse, le 21 février prochain. En quoi l’événementiel participe de ce grand récit national dont on parle tant ? 

A l’occasion de ces cérémonies dont l’agence est coutumière, nous sommes en quelque sorte le metteur en scène du roman national. Et ce au-delà de tout aspect partisan, puisque nous avons travaillé sous de multiples gouvernements. Notre travail est donc de mettre en lumière la vie ou la destinée de ces grandes personnalités, en rapport à la République et à leur mérite. Nous devons faire passer un message au plus grand nombre, et en particulier auprès des jeunes. A nous de mettre, en toute humilité, un peu de notre roman national dans les consciences.  

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