7 juillet 2021
Temps de lecture : 5 min
Quel bilan tirez-vous de la crise sanitaire et quel a été son impact sur l’activité de votre groupe ?
Durant cette période de crise, RX France, nouveau nom de l’entreprise, n’a mis personne au chômage partiel et nos équipes étaient 100% actives avec deux principales missions. Premièrement, préparer les salons à venir, puisque depuis un an et demi nous sommes passés de report en report mais toujours en gardant le contact avec nos clients. Notre seconde activité a été de remplacer les salons physiques par des événements digitaux, soit aux dates initialement prévues, soit à des dates différentes des salons physiques.
Il y a un an exactement, nous étions tous persuadés que nous allions pouvoir rouvrir nos salons en septembre. Et nous nous sommes tous préparés comme une année traditionnelle. En 2021, nous sommes dans la même configuration, avec une énorme différence qui tient à la vaccination en France, en Europe et dans le reste du monde, surtout dans le nord des Etats-Unis. Donc, nous sommes dans une confiance beaucoup plus grande même si on ne sait pas s’il y aura une quatrième vague et de quelle ampleur elle sera. Mais tous les indicateurs sont quand même nettement plus positifs qu’il y a un an. Donc, aujourd’hui, RX France se prépare à ouvrir 28 salons – 24 salons en France et 4 à l’étranger – entre septembre et décembre.
Ce lien avec le marché a été permis grâce aux événements digitaux ?
Concernant les événements digitaux, il était important pour nous de continuer à apporter une réponse à nos communautés professionnelles qui ont été dans des situations de grand désarroi.
Les communautés ont été privées de leur(s) salon(s) et donc de cet outil qui permet de faire le point sur les tendances de leur marché, d’avoir un œil sur la concurrence et l’innovation
Elles ont été privées de leur(s) salon(s) et donc de cet outil qui permet de faire le point sur les tendances de leur marché, d’avoir un œil sur la concurrence et l’innovation. Et bien sûr, avoir la possibilité de contacter des clients pour les uns, des fournisseurs pour les autres. Nous leur avons apporté une partie de la réponse à travers le digital, sans faire un copier/coller du physique. La solution ne réside pas dans un ersatz du salon physique, tout simplement parce qu’il ne se déroule pas de la même façon et ne répond pas exactement aux mêmes objectifs. On a eu principalement la volonté d’apporter d’abord du contenu, notamment à travers des conférences, des webinaires, etc. Deuxièmement, il fallait rendre visibles l’innovation et les produits innovants à travers des moteurs de recherche, des pages exposants, des pages produits, etc. Et le troisième impératif était de mettre en contact les uns avec les autres, dans différentes communautés qui étaient plus ou moins aussi habitués à ce nouveau média. Le premier enseignement que je retire de cette crise, c’est que le modèle salon a très bien tenu et a été résilient.
Quel futur pour l’alliance digital et salons ?
L’expérience digitale dans laquelle ont été plongés les organisateurs, les exposants et leurs clients ainsi que les visiteurs va se pérenniser sur plusieurs dimensions qui ne seront pas du tout homogènes ou systématiques pour tous les salons et tous les secteurs. D’une part, en s’ouvrant à ce que j’appellerais les salons augmentés, avec le digital et la data au service du salon physique. Comment étendre l’expérience et les bénéfices d’un salon physique avant, pendant et après, donc à la fois dans la durée, mais aussi vis-à-vis des populations qui ne se déplacent pas ? Comment faire bénéficier d’un salon des populations qui ne sont pas physiquement sur place ? Ce n’est pas le même niveau de services ni le même retour sur investissement évidemment. L’expérience va se comprendre à la fois physiquement par le déplacement des personnes mais aussi, dans une certaine mesure, virtuellement, à travers la participation à la partie digitale du salon physique. Deuxième typologie d’événements qui va se développer encore une fois sur certains secteurs, ce sont des événements digitaux entre deux événements physiques, et probablement des événements ciblés.
Et comment voyez-vous évoluer à l’avenir le média salon ?
Il y a un an et demi, certains parlaient de la possible fin du média salon parce que ce modèle peut apparaitre dépassé à l’ère du tout digital. Force est de constater aujourd’hui que l’attente d’une très grande partie de nos clients pour retrouver le chemin des halls d’exposition est bien réelle. Donc je n’ai aucun état d’âme et aucune crainte. Sur le modèle salon, la rencontre physique a très bien survécu à la crise de 2008/2009. Le marché des salons avait alors subi un contrecoup qui a été effacé en deux ou trois ans. Aujourd’hui, on voit d’abord que les salons repartent physiquement, même si c’est dans des proportions plus modestes que leur précédente édition. En tout cas, ils repartent et les intentions de participation pour 2022 sont réelles, lorsqu’il n’y aura plus de soucis de contrôle, de restrictions aux frontières, ou d’interdiction de voyager au sein des entreprises. On voit que les exposants et les visiteurs se projettent en 2022 avec beaucoup de confiance. Les signes de reprise sont là et la question à laquelle personne ne peut répondre aujourd’hui, c’est à quelle vitesse cela va reprendre ? Est-ce qu’on va mettre deux ans, trois ans, quatre ans ? Je pense que la réponse doit être différente selon les salons.
Il y a des salons qui vont rebondir très vite et si on les ouvrait demain, ils feraient la même taille qu’en 2019 et d’autres qui seraient à la moitié de leur jauge
Il y a des salons qui vont rebondir très vite et si on les ouvrait demain, ils feraient la même taille qu’en 2019 et d’autres qui seraient à la moitié de leur jauge. Par exemple, parmi les salons que l’on s’apprête à organiser et qui sont planifiés à la rentrée, il y a la SITL – la semaine du transport & logistique – ou encore le Yachting Festival de Cannes et, à date, tous les deux sont à un taux de commercialisation identique, voire supérieur à leur dernière édition de 2019.
La récente fusion Reed Midem / Reed Expo répond à quelle(s) stratégie(s) ?
Notre objectif n’a jamais été la course à la part de marché ou à la grosseur. Nous sommes suffisamment importants comme ça. Nous fusionnons nos deux filiales car nous étions le seul organisateur à avoir deux filiales dans le même métier et dans un même pays. Ce rapprochement est lié à une décision personnelle du dirigeant Reed Midem de partir sur d’autres projets, ce qui nous a fait reposer la question de continuer à avoir deux business units séparées.
Aujourd’hui, face à une mutation de notre métier où la part du digital, de la data, des nouvelles formes de marketing digital prennent de plus en plus d’importance, il est évident que développer ses compétences et son expertise dans deux filiales du même pays demande deux fois plus d’efforts.
Nous allons donc réorganiser l’entreprise maintenant réunie pour justement tirer parti de ces synergies, car il n’y a pas de recouvrement et de concurrence entre nos salons. Ils sont plutôt complémentaires et y en a même, sur certains secteurs, qui portent des thématiques transversales à creuser ensemble. Prenons l’exemple de l’immobilier avec le MIPIM et le MAPIC, du bâtiment avec Batimat, de l’environnement avec Pollutec, même du transport à travers la SITL. Ce sont quatre secteurs extrêmement importants, tous traversés par des sujets de premier plan comme les considérations environnementales, le bien-être des populations qui y vivent, etc. On retrouve évidemment ces thématiques traités aux différents endroits de la chaîne de valeur de nos événements. Je crois en la cross fertilisation des salons insufflée par l’ensemble des connaissances, des thématiques et sujets, des contacts, et par notre capacité à mobiliser beaucoup de monde et d’experts sur des salons de très haute qualité.
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