Le maire de Cannes David Lisnard succède Philippe Augier, maire de Deauville, à la présidence de France Congrès et Événements. L’occasion d’interroger ce grand spécialiste de l’événementiel et du MICE sur la crise actuelle et les perspectives de relance.
Vous venez de prendre la présidence de France Congrès et Evénements dans le contexte que l’on sait de crise sanitaire et économique. Quelles vont être vos actions prioritaires ?
D’abord œuvrer à sauver la filière événementielle et du tourisme d’affaires, qui est la grande oubliée des plans gouvernementaux, par l’application de dispositifs nationaux immédiats à la hauteur du préjudice subi et du foisonnement d’entreprises, de salariés et d’indépendants aux savoir-faire spécifiques, impactés de façon violente. Ensuite plaider la reprise de l’activité, et parallèlement anticiper et accompagner les changements structurels de nos évènements et métiers, en intégrant bien sûr l’hybridation physique-numérique, qui a besoin de trouver son modèle économique, le développement durable ainsi que la quête de sens des activités liées aux rencontres professionnelles ou événementielles, au vu des évolutions sociétales, technologiques comportementales et de leurs conséquences sur le MICE. Je tiens d’ailleurs à souligner le travail formidable et visionnaire de Philippe Augier qui a tant œuvré à stimuler la réflexion de la filière sur ces problématiques.
Pour qu’il y ait relance, il faut aussi de la confiance. Qu’est-ce qui selon vous peut susciter la confiance des donneurs d’ordre pour renouer avec les rencontres professionnelles et l’événementiel ?
Cette crise inouïe est révélatrice de la place majeure qu’occupent le tourisme, la culture et l’événementiel dans notre vie quotidienne à la française. Nous devons veiller à ce que ces précieux piliers économiques, sociaux et même patrimoniaux, figurent dans les premières priorités de la relance française et européenne.
La confiance reviendra si la parole publique est fiable, si de notre côté nous parvenons à réassurer nos destinations et événements, donc à rassurer les clients. Il est plus que temps que nos activités puissent reprendre, avec des protocoles sanitaires connus à l’avance et adaptables aux évolutions potentielles de l’épidémie. Je propose dans cet esprit un plan «vigicovid» gradué à l’instar de vigipirate, ce qui apporterait de la stabilité et de la lisibilité. L’établissement de safe corridors aériens est aussi une condition sine qua non de la reprise des événements internationaux.
Est-ce que cette crise ne peut pas être une opportunité pour les territoires de repenser leur récit et leur identité ?
Oui, toute crise est porteuse d’opportunités. Mais en attendant il y a beaucoup de casse hélas. Et la remise en question comme le besoin d’actions nouvelles sont plus profonds. Cela dépasse le marketing territorial. Je défends une approche pragmatique de terrain qui passe nécessairement par un travail avec les praticiens (artisans, chefs d’entreprises, organisateurs, etc.). Nous devons faire évoluer notre regard et nos pratiques en matière de développement responsable, même si je n’aime pas ce jargon, du tourisme et de l’événementiel, sans quoi nous passerons à côté des enjeux et des opportunités. Cette crise nous invite à reconsidérer nos offres avec méthode, sur fond de fragilisation des modèles. La culture d’innovation et d’expérimentation tient ici une place importante. Car une identité doit à la fois être fidèle à son histoire et ne pas être fossilisée. C’est tout le secret des marques qui survivent et rebondissent.