22 février 2023

Temps de lecture : 5 min

“Il serait temps d’avoir de gros acteurs alternatifs qui viennent structurer le marché de l’événementiel en se positionnant fortement sur la RSE !”

Bertrand Biard vient de rejoindre le groupe WMH Project en tant que Vice-président attractivité et engagements. L'occasion pour nous d'échanger avec cet entrepreneur jamais avare d'idées et de positions fortes.
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Vous vous définissez comme un « entrepreneur de sujets de vie en société(s) ». Aujourd’hui, nous vous retrouvons avec pour nouvelle casquette, celle de vice-président Attractivité en Engagements du groupe WMH Project. C’est quoi l’idée ?

Je suis un peu comme une abeille qui butine, j’aime à construire une ruche et faire du miel mais j’ai besoin de me balader dans des champs de fleurs différents pour pouvoir trouver des idées. Aujourd’hui c’est le sens du projet avec WMH Project. Par ailleurs, j’ai besoin de travailler en meute, et nous nous sommes trouvés avec Marc Fischer et Franck Chaud* sur la capacité que nous pouvions avoir, en tant qu’entrepreneurs, d’influer à notre niveau sur le cours de la vie de nos concitoyens. 

J’ai toujours eu pour idée qu’un groupe de communication devait être autre chose qu’un vendeur de recos et un exécuteur de tâches. Il serait d’ailleurs temps qu’il y aient de gros acteurs alternatifs qui viennent structurer le marché de l’événementiel en se positionnant fortement sur l’engagement social et sociétal. Dans mon histoire récente, les thèmes de la culture, de l’éducation, de l’accès à l’emploi étaient déjà présents et j’ai bien l’intention de continuer dans ce sens.

Enfin, la croissance externe fait partie de mon scope, le groupe WMH a une bonne expérience en la matière et l’a même modélisée avec des acquisitions qui se sont bien passées. Cela aussi m’a séduit dans le projet.

Comment définiriez-vous le groupe WMH Project et son projet ?

Lorsque je présidais l’association LEVENEMENT, j’étais en contact avec Marc Fischer et j’ai découvert peu à peu la réalité de ce groupe qui performe économiquement, tout en traçant son chemin avec humilité. Avec un chiffre d’affaires de 145M€, et le récent rachat de l’agence LDR, le projet de WMH est véritablement ambitieux.

Le groupe s’engage à devenir entreprise à mission, aussi nous allons appliquer à nous-mêmes les engagements RSE pour lesquels celui-ci milite et a déjà pris une longueur d’avance

D’autre part, le groupe s’engage à devenir entreprise à mission, aussi nous allons appliquer à nous-mêmes les engagements RSE pour lesquels celui-ci milite et a déjà pris une longueur d’avance. Nous allons donc travailler sur notre raison d’être qui sera inscrite dans les statuts de l’entreprise, dans un calendrier assez contraint et en embarquant les équipes dans la réflexion. Avec pour objectif d’avoir une raison d’être établie à l’été et les premières bases des outils structurels qui vont porter cet engagement. Nous n’excluons pas en effet que ce dernier soit également synonyme de nouveaux projets.

Rappelons enfin notre motto « We Make it Happen », à savoir être une entreprise qui se donne les moyens de réaliser des projets véritablement responsables.

Justement, quelle est la proposition de valeur de WMH Project en matière de RSE ?

Le groupe fait par essence du lien social, nous restons cohérents en mettant en place des choses concrètement applicables par notre écosystème et sur lesquelles nos clients nous attendent. Par exemple, nous ne pouvons pas nous satisfaire du discours selon lequel on peut faire ce que l’on veut en événementiel du moment qu’on plante des arbres. En même temps nous n’allons pas faire autre chose que notre métier, mais nous allons le faire différemment. En apportant de l’utilité, un des crédos de l’agence LDR qui revendique depuis quelques années l’événement utile. Autre exemple avec ce que nous mettons en place sur l’Incentive et Business Travel grâce au partenariat inédit scellé avec FairMoove, spécialisé dans le voyage responsable.

L’idée est de réfléchir à comment faire en sorte, dans le cadre de déplacements à l’étranger, de respecter les consignes du GIEC, voire de les dépasser

L’idée est de réfléchir à comment faire en sorte, dans le cadre de déplacements à l’étranger, de respecter les consignes du GIEC, voire de les dépasser. Sur le volet écologique, il faut évidemment l’être jusqu’au bout de la chaîne de valeurs. Après, il faut également traiter le volet social de la RSE et penser la contribution qu’apportent les déplacements professionnels aux pays qui vivent quasiment exclusivement du tourisme. Ce n’est pas une question simple et les réponses sont plurielles, mais à mon sens les voyages incentives – s’ils sont correctement pensés en amont – peuvent avoir un impact positif. Encore une fois, il nous faut trouver le dosage subtil de ce qu’il est possible de faire dans une logique durable et bénéfice à la société en général.

Vous avez présidé l’association LEVENEMENT durant plusieurs années. Avez-vous des velléités à vous réinvestir dans la représentativité de la filière ?

Je me suis engagé durant 9 ans dans les deux instances représentatives que sont en effet LEVENEMENT, mais aussi UNIMEV. J’avais la conviction, que je continue d’avoir par ailleurs, que la filière devait être portée par une seule instance représentative. J’ai œuvré en ce sens afin que LEVENEMENT intègre UNIMEV avec pour garantie un statut de co-présidence avec un patron d’agence. Je trouvais cela cohérent mais cela ne s’est pas fait. Durant la crise sanitaire, je suis monté au front pour porter nos messages auprès des pouvoirs publics.

(…) il est absolument impensable que je ne donne pas mon avis sur un sujet important si quelqu’un me le demande !

C’était très bien mais aujourd’hui nous sommes dans une époque différente, qui nécessite davantage de collectif. Après, vous me connaissez, il est absolument impensable que je ne donne pas mon avis sur un sujet important si quelqu’un me le demande !

La filière est toujours confrontée à une problématique de recrutement, voire d’attractivité. Quelle est votre analyse en la matière ?

Grâce aux aides du gouvernement notamment, les entreprises du secteur ont pu rester viables et ont été en capacité de redémarrer rapidement, avec un trend de marché parfois déraisonnable car difficile à suivre. Aujourd’hui beaucoup de nos entreprises ont du mal à trouver les ressources humaines mais aussi techniques, premières, etc. La conjoncture est négative mais pour autant, elle ne freine pas l’activité événementielle. Je pense que le phénomène est assez durable car nous avons la perspective des Jeux olympiques et paralympiques qui tirent le marché. D’ici là, y aura des milliers d’événements dans toute la France, c’est certain. La filière doit donc rester en mouvement d’ici là. Est-ce que cela se fera dans la sérénité ? Peut-être pas, car nous rencontrons déjà de la complexité dans les relations entre les donneurs d’ordre et les sous-traitants, ou encore en termes de délais, de budgets contraints, etc. Il va falloir garantir la délivrabilité de nos opérations, question qui ne se posait pas auparavant. D’ailleurs c’est sans doute une formidable occasion de repenser nos modèles, de s’inscrire dans une approche mutualiste par exemple. Cela ne peut qu’être vertueux pour l’écosystème.

La question aujourd’hui est de démontrer ce qu’apporte de plus le fait d’être dans un collectif et de concevoir ensemble des projets excitants. 

Sur la question de l’emploi, le phénomène des slashers n’est pas nouveau, et certes, la nouvelle génération est en attente d’une nouvelle approche du travail, mais ce n’est pas une position jusqu’au-boutiste selon moi. La question aujourd’hui est de démontrer ce qu’apporte de plus le fait d’être dans un collectif et de concevoir ensemble des projets excitants. Il faut réfléchir en termes de contrats de mission, les concepts de CDD ou CDI me semblant totalement dépassés. Le modèle économique n’étant plus auto-suffisant, il faut également réfléchir en termes de modèle social et sociétal. Il n’y a donc pas un problème d’attractivité du secteur mais de l’emploi ! Enfin, il faut apporter du sang neuf et être en capacité de stimuler à nouveau le sens de l’entrepreneuriat dans nos métiers.

*les co-fondateurs du groupe WMH Project

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