12 décembre 2024
Temps de lecture : 5 min
Plusieurs annonces récentes actent un renforcement structurel d’Auditoire Paris. Une réorganisation synonyme de nouveaux développements ?
Comme d’autres agences, nous sortons de trois années de forte croissance avec pour apogée l’aventure des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Durant ces 3 ans, Auditoire Paris a continué de se développer, tout en travaillant dans la collaboration et l’entraide avec nos confrères au sein de Paname 24. Cependant, nous étions davantage concentrés sur la délivrance des événements et sur les bonnes personnes à trouver pour nous accompagner que sur notre organisation interne. Nous avons donc eu une croissance organique qui a impacté la structure, aussi dès cet été nous avons réfléchis à rendre celle-ci apte à gérer l’après JO. Il y a donc eu pas mal de réorganisations entre juillet et maintenant, avec une nomination majeure en la personne d’Alicia Maurey, nommée directrice générale adjointe. Elle est en charge de toutes les opérations, que ce soit sur le volet newbiz que sur la gestion clients, ou encore la coordination de toutes les équipes entre elles.
Par ailleurs, nous avons nommé une nouvelle directrice financière et une acheteuse qui vient de nous rejoindre pour mettre en place une véritable politique achats. Voilà pour la partie back office. Sur la partie front, nous avons promu un certain nombre de nos talents au titre de Brand Managers, équivalent de petites Business Units qui gèrent un ou quelques clients. Cela va nous permettre de faire éclore de super talents qui peuvent ainsi évoluer au sein du groupe et avoir de nouvelles perspectives. Ces Brand Managers vont représenter un tiers de la marge de l’agence en gestion.
Qu’ont représenté les JO en termes de chiffre d’affaires pour Auditoire ?
Les JO représentent pour nous un chiffre d’affaires aux alentours de 40 millions d’euros, sur 250 millions à l’échelle du groupe, dont 125 millions pour Auditoire Paris. Mécaniquement, ces Jeux vont nous conduire à de la décroissance et nous allons revenir à des années de référence plus normales. Par exemple, nous serons en croissance par rapport à 2022. Et sur le business plan que nous nous sommes fixé pour 2025, soit +15%, nous avons d’ores et déjà la visibilité pour atteindre nos objectifs. Mais nous restons extrêmement prudents car l’on connaît la fragilité de notre marché.
Avez-vous ressenti le trou d’air redouté en termes de business au lendemain des JO ?
Pas du tout, et ce malgré tous les signaux économiques négatifs que l’on entend depuis septembre. Certes, c’est très compliqué en Chine où nous sommes implantés, notamment pour les marques automobile, de spiritueux et le secteur du luxe. Mécaniquement les budgets s’en ressentent, il y a même eu quelques annulations et surtout des reports d’événements de fin d’année. Cependant nous avons un bon rythme côté newbiz, avec un nombre de projets à traiter en même temps qui est proprement hallucinant !
Et percevez-vous un effet JO à l’international et sur les prochains grands événements ?
C’est évidemment un peu tôt pour pouvoir mesurer cet effet JO, mais nous sommes dans une démarche proactive, notamment à l’Est, car il se passe beaucoup de choses au Moyen-Orient ou encore avec l’Exposition universelle d’Osaka qui se profile. Sur cette dernière, nous piloterons tout le volet contenu du Pavillon de la Femme by Cartier et l’Expo.
Nous regardons également du côté des JO d’hiver de Cortina-Milan. Nous restons à l’affût, sans compter les appels entrants qui montrent bien que nous sommes clairement identifiés. La moisson de prix que reçoit actuellement Paname 24 participe également de notre visibilité. Enfin, s’agissant des JO de Los Angeles, le marché US étant très mature, il y a assez peu de places pour de petits Français comme nous et, dans un esprit patriotique, ils feront vraisemblablement appel à leurs propres agences.
L’Arabie saoudite, un marché en forte croissance quand la Chine décélère. Quels sont les autres pays sur lesquels vous misez ?
En effet, le Moyen-Orient est un vrai marché porteur pour nous. Nous avons été aux avant-postes au Qatar et à Dubaï, et c’est la même chose désormais en Arabie saoudite. Mais nous y allons progressivement, avec notamment des collaborateurs sur place à Al-Ula qui s’occupent notamment d’événements officiels, et des connexions à Riyad. Nous allons structurer notre présence là-bas pour les années à venir, mais à notre rythme.
Sur l’Asie, où nous sommes présents avec une agence de 120 personnes à Shanghai, nous sentons effectivement un ralentissement du business en provenance des marques françaises, aussi nous misons aussi sur les marques locales. Par ailleurs, l’Asie du Sud-Est est assez dynamique, en Thaïlande, en Corée du Sud, au Vietnam par exemple.
En Europe, nous prenons en gestion deux nouvelles agences en Grande-Bretagne et à Milan qui appartiennent au groupe Omnicom (maison-mère d’Auditoire, ndlr), qui à terme pourrait devenir des bureaux Auditoire. Enfin, dans les années à venir, les Etats-Unis, et en particulier New York où nous produisons beaucoup, va être un sujet pour nous, mais actuellement la destination est trop chère en coût de production.
Quels sont les sujets qui mobilisent vos clients actuellement ?
Nous constatons une forte demande en termes d’activation de marques. Auditoire, qui était encore assez positionné sur le corporate il y 5 ans, a pris le virage de l’entertainment et se tourne vers les marques grande conso et lifestyle, à l’instar de Nespresso, de Nike, d’Adidas, etc. Dès que l’on touche le consommateur final, les marques continuent de communiquer. Donc nous considérons être à la bonne place au bon moment, avec notamment notre département Social Media et Influence qui aujourd’hui représente 2 millions de marge brute. Cette équipe transverse, constituée il y a 3 ans, nous permet de faire rayonner nos propres événements, et depuis un an et demi elle gère ses propres clients en direct. C’est ainsi que nous sommes devenus récemment l’agence d’influence de Drunk Elephant. Nous naviguons de plus en plus entre le offline et le online, en essayant de comprendre au mieux les marques pour les accompagner dans leur stratégie.
Comment expliquez-vous que les marques de luxe n’ont jamais été autant portées par l’événementiel et l’activation de marques ?
Nous constatons que le marketing prend davantage la main, au côté de la communication, car le marketing fait vendre. Ensuite, il y a les restrictions de budgets, notre rôle est donc d’aller chercher des parts de marché supplémentaires pour compenser ces baisses. Autre sujet d’importance pour les agences aujourd’hui, à savoir comment arriver à adapter nos modèles économiques à des logiques plus efficientes. Donc oui, le média événementiel est surinvesti, et l’expérience est le souhait de tout le monde aujourd’hui. Nous voyons même des profils qui viennent de la pub nous approcher. Le fait que l’expérience soit à la mode permet donc de flécher les investissements au bon endroit.
Ensuite les clients sont en recherche d’efficacité, et donc d’agences qui arrivent à adapter leur organisation, financière et leur business model, à de petits, moyens ou grands events. Nous commençons donc à avoir des contrats cadres avec les marques qui nous permettent de travailler sur des sujets différents. Le business model de l’événementiel est véritablement en train de changer, et Auditoire est aux avant-postes de cette évolution. Ainsi, nous travaillons en totale transparence avec les clients, nos taux de rémunération le sont également et désormais acceptés, ce qui n’était pas le cas auparavant. D’autant que les clients achètent de plus en plus les prestations en direct, même si elles sont gérées par les agences. Donc nous ne perdons plus de temps et nous nous concentrons pleinement sur les projets. Autre phénomène notable, la prime aux gros acteurs est assez flagrante en ce moment. Il a une concentration très importante du marché, à laquelle nous allons d’ailleurs participer puisqu’Auditoire va faire l’acquisition d’une agence française en janvier prochain. La croissance externe, indispensable pour faire face aux autres groupes, fait pleinement partie de notre stratégie.
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