10 janvier 2024

Temps de lecture : 4 min

“L’enjeu touristique des JO porte surtout sur la décennie prochaine, avec en ligne de mire le renforcement de l’attractivité mondiale de Paris”

A 200 jours de l'ouverture des Jeux olympiques, événement qui recevra le monde, on fait le point avec Pierre Rabadan, nouveau président de Paris je t’aime – Office de tourisme*.
© Joséphine Brueder

© Joséphine Brueder

Vous succédez à Jean-François Rial en tant que nouveau président de l’Office de tourisme de Paris, désormais dénommé Paris je t’aime. Qu’en est-il de la cote d’amour de la capitale au regard de sa fréquentation touristique ?

Paris demeure toujours aussi attractive, même si la fréquentation est à date légèrement inférieure à celle de 2019. Il y a donc une marge de progression, notamment en matière de tourisme d’affaires. Mais sa désirabilité reste forte, comme en témoigne par exemple le dernier classement Forbes des plus belles villes du monde à visiter qui classe Paris en tête. En 2024, nous entrons dans une autre séquence avec bien sûr les Jeux olympiques et paralympiques.

Concernant l’Office de tourisme, rebaptisé Paris je t’aime, celui-ci développe beaucoup de nouveaux services, notamment dans la perspective des JO. Nous avons notamment publié un manifeste de l’hospitalité, développé une web app qui devrait connaitre sa pleine puissance durant les Jeux en regroupant un grand nombre de services, ou encore nous travaillons avec Unimev pour utiliser son calculateur d’empreinte carbone événementiel car nous souhaitons porter un tourisme plus responsable. Autant d’initiatives allant dans le sens d’une meilleure qualité d’accueil et de l’expérience.

L’expérience justement est devenue un motto notamment dans l’événementiel. Comment rendre cette expérience de Paris unique ?

Il est évident qu’il faut aligner offre et demande. Aussi, nous souhaitons rendre plus lisible et claire ce qui fait la spécificité de Paris, et donc son attractivité. Nous savons qu’un congrès se déroulant à Paris attirera de 20% à 30% de participants supplémentaires parce que ces derniers voudront faire l’expérience de la capitale. Le Paris local par exemple, très puissant dans les imaginaires, relève cependant d’une réalité qu’il faut davantage promouvoir. Aujourd’hui les savoir-faire locaux et les expériences différentes du tourisme traditionnel sont à valoriser.

En ce qui concerne le tourisme d’affaires et l’événementiel, nous avons identifié des lieux inédits à la privatisation qui vont accueillir des délégations étrangères ou bien des entreprise

En ce qui concerne le tourisme d’affaires et l’événementiel, nous avons identifié des lieux inédits à la privatisation qui vont accueillir des délégations étrangères ou bien des entreprises, ce qui apportera une nouvelle dynamique à l’offre réceptive. Des lieux qui sont à retrouver sur notre nouvelle plateforme www.bienvenue2024.fr. Par ailleurs, le site parisjetaime et son outil de recherche spécifiquement dédié au tourisme d’affaires ont vocation à être renforcés. Enfin, il nous revient de mettre en avant des solutions éco-responsables pour minimiser l’empreinte carbone touristique, à l’instar de ce qui est fait pour réduire de 50% l’impact environnemental des Jeux olympiques et paralympiques. Cela doit devenir un critère de choix de destination et dans la manière de faire du tourisme.

2024, année olympique. Où en sommes-nous de la vente des billets et plus particulièrement des hospitalités pour le corporate ?

Les réservations se font à bon rythme. On estime qu’il y aura 3,5 millions de touristes à Paris pourvus de billets pour les compétitions et 12 millions sans billet. Notons d’ailleurs que plus de 80% des touristes attendus seront des Français. Pour rappel, il y a 10 millions de billets en vente pour les Jeux olympiques, et 2,8 millions pour les paralympiques. Nous allons mettre en place un vaste programme de festivités autour des sites de compétition, avec 24 lieux disséminés dans les différents arrondissements comme le parc de la Villette, le Canal Saint-Martin ou encore le Parvis de l’Hôtel de Ville. L’idée est véritablement d’offrir des moments de partage dans une ambiance imprégnée de la culture des JO.

L’expérience même des hospitalités dans des lieux patrimoniaux n’aura rien de comparable avec ce que l’on peut vivre traditionnellement dans un stade.   

Concernant les hospitalités pilotées par On Location, il y a évidemment les incontournables qui concentrent la demande, tels que les cérémonies d’ouverture et certaines compétitions comme l’athlétisme, l’escrime, ou encore le judo où les athlètes français performent. Il existe encore des opportunités, notamment sur la cérémonie des Jeux paralympiques qui se déroulera Place de la Concorde et dont la date, proche de la rentrée, convient bien aux entreprises. Notons par ailleurs que l’expérience même des hospitalités dans des lieux patrimoniaux n’aura rien de comparable avec ce que l’on peut vivre traditionnellement dans un stade.   

Il est certain que l’enjeu touristique des JO porte surtout sur la décennie prochaine, avec en ligne de mire le renforcement de notre attractivité mondiale. Nous devons montrer comment Paris évolue et s’adapte au changement climatique, pour en faire un territoire inspirant en matière de tourisme responsable. Être en capacité d’accueillir le monde est aussi une nécessité que l’on souhaite réaffirmer, qui plus est dans ces temps difficiles.

Quel sera l’héritage des JO à Paris en dehors des infrastructures ?

A l’occasion de ces Jeux, ce sont 70 rénovations ou maitrises d’ouvrage qui sont réalisées. A Paris, le quartier de la Porte de La Chapelle a fait l’objet d’une nécessaire et ambitieuse rénovation urbaine, accompagnée de la construction de l’Adidas Arena. Plusieurs infrastructures telles que le stade Pierre de Coubertin ou la piscine Vallerey dans le XXe arrondissement, qui a accueilli les JO en 1924, ont été réaménagés. Par ailleurs, 60 km de nouvelles pistes cyclables seront déployés, quand la voie olympique et paralympique du Périphérique sera ensuite dédiée aux véhicules en covoiturage. Ces Jeux sont un formidable accélérateur des politiques publiques, le plus spectaculaire héritage étant sans doute la baignabilité de la Seine en 2025.

Sur l’héritage immatériel, j’espère que les JO vont faire évoluer durablement le regard sur le handicap et sur l’accessibilité.

Sur l’héritage immatériel, j’espère que les JO vont faire évoluer durablement le regard sur le handicap et sur l’accessibilité. Développer la pratique sportive des personnes en situation de handicap est également un objectif fort, et nous espérons doubler le nombre de licenciés parasportifs à l’issue des Jeux. Enfin, le programme « Transformations Olympiques », élaboré en 2018 avec 10 000 Parisiennes et Parisiens, fera l’objet d’une évaluation pour que Paris devienne une ville plus sportive et plus agréable à vivre au quotidien.

*Pierre Rabadan est également adjoint à la Mairie de Paris en charge du Sport, des Jeux olympiques et paralympiques.

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