22 avril 2024

Temps de lecture : 4 min

“Les critères RSE prennent de plus en plus de place dans l’attribution des marchés événementiels”

Pauline Teyssedre, présidente de la commission de normalisation ISO 20121, nous expose le travail de la commission et les changements actées dans cette V2 de la norme internationale.
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La norme internationale ISO 20121 vient de faire l’objet d’une révision, 12 ans après sa création. Vous avez présidé la commission de révision et ses travaux. En préambule, pouvez-vous nous rappeler en quoi consiste cette norme ? 

L’ISO 20121 est véritablement la norme dédiée au secteur de l’événementiel. Avant sa création en 2012 par nos confrères anglais à l’occasion des J.O de Londres, il n’existait pas de norme ISO dédiée au management événementiel durable et responsable. C’est un texte qui doit être accessible pour les 187 pays membres de l’ISO, constitué de 10 chapitres et annexes portant aussi bien sur des définitions de concepts, sur les achats responsables, sur la communication interne et externe, sur le leadership, la planification d’une entreprise, etc. Un cadre ou un tuto en quelque sorte, qui permet aux entreprises souhaitant se certifier de cadrer leur démarche. La norme propose également de définir une politique de développement durable parlant à toutes les parties prenantes, et d’établir un plan d’action en définissant soi-même ses objectifs, tout en s’appuyant sur un indicateur de performance. Cela peut permettre par exemple de calculer le pourcentage de réduction de l’empreinte carbone de son activité. Tous les 3 ans, les entreprises certifiées sont de nouveau auditées afin de vérifier qu’elles sont toujours dans leur feuille de route, auquel s’ajoute un audit annuel pour vérifier la bonne application des différentes actions. 

Combien d’entreprises françaises sont aujourd’hui certifiées ? 

A date, nous avons 254 certificats ISO 20121 émis dans le monde, dont 45% attribués à des entreprises françaises. La France est donc sur la première marche du podium en nombre d’entreprises certifiées, devant la Grande-Bretagne et l’Italie. Cela représente 114 entreprises françaises, sachant qu’en 2024 d’autres sociétés ont intégré le processus, par conséquent ce chiffre devrait sensiblement augmenter cette année ou en 2025. Parmi ces 114 acteurs certifiés, la moitié sont des sites événementiels, puis viennent à égalité les prestataires de services et les agences événementielles, et enfin les agences de design de stands qui figurent parmi les toutes premières entreprises à s’être inscrites dans cette démarche. Et en termes de profil d’entreprises, nous retrouvons aussi bien des PME que des grands groupes. 

A minima, les organisateurs veulent savoir si leurs prestataires sont inscrits dans une démarche RSE ou s’ils contrôlent l’impact de l’activité de leur entreprise.

Dans quelle mesure cette norme est importante aux yeux des donneurs d’ordres événementiels ? 

Nous constatons que chez les grands donneurs d’ordres, un cahier des charges sur deux demande si les opérateurs événementiels ont une certification, mais pas nécessairement la norme ISO 20121. Les labels tels qu’EcoVadis ou BCorp commencent également à se distinguer. A minima, les organisateurs veulent savoir si leurs prestataires sont inscrits dans une démarche RSE ou s’ils contrôlent l’impact de l’activité de leur entreprise. C’est donc une préoccupation de plus en plus présente, mais l’ISO 20121, si elle est bien connue de l’écosystème événementiel, n’est pas encore bien identifiée par les donneurs d’ordres qui sont plus familiers de l’ISO 26000 ou la 9001 par exemple. N’oublions pas non plus que l’ISO 20121 est assez récente par rapport à d’autres normes. Mais quoi qu’il en soit, les critères RSE prennent de plus en plus de place dans l’attribution des marchés, avec des spécialistes HSE, RSE ou QSE qui commencent à s’inviter dans les discussions au cours des appels d’offres. 

Quelles sont les principales évolutions de la norme ISO 20121 revue et corrigée ? 

Tout d’abord, nous avons œuvré pour que cette norme soit, dans ses termes, accessible à tout le monde en allant straight to the point. Soulignons également que 80% des commentaires portés par la commission France ont été adoptés, aussi nous sommes très satisfaits. Concrètement, nous nous sommes concentrés sur 4 axes, avec des objectifs à ne jamais oublier pour que tout le monde soit aligné dans l’évolution de la norme. Premièrement, nous avons aligné la norme avec les principaux standards internationaux des objectifs de développement durable de l’ONU. Ensuite, nous avons renforcé les exigences RSE en termes d’évaluation de l’impact des événements et d’accompagnement vers l’obtention de résultats concrets. Ainsi, les entreprises ne peuvent plus se maintenir indéfiniment dans une démarche d’obtention de la norme. Elles ont désormais une obligation de résultats à atteindre, selon une échéance définie.

Nous annoncerons en juin prochain l’ensemble de ces modifications, juste avant les Jeux olympiques et paralympiques. 

Le troisième axe a été de clarifier les exigences des processus de certification afin d’éviter des incohérences et des sur-champs d’interprétation. Enfin, le dernier objectif est de rendre la norme plus compréhensible et accessible à tous, sans nécessité un bagage RSE très poussé. Nous annoncerons en juin prochain l’ensemble de ces modifications, juste avant les Jeux olympiques et paralympiques. 

Y a -t-il des nouveautés, des ajouts permettant de mieux couvrir le champ événementiel ? 

Oui, par exemple nous avons pris en compte les événements hybrides qui ne figuraient pas dans la version initiale. Nous avons également créé une nouvelle annexe qui traite des droits de l’enfant, et sur la partie achats et réglementation des appels d’offres éthiques, nous avons ajouté le principe d’accorder 3 semaines pour répondre aux appels d’offres, de respecter la règle de 3 agences ou prestataires au maximum à mettre en compétition,  ou encore la notion d’indemnités pour les compétiteurs arrivant à la deuxième ou troisième place. Ce sont des préconisations évidemment, et d’un pays à un autre il peut y avoir des process différents. Les donneurs d’ordres commencent à l’entendre, mais cela reste à la marge.  

Les Jeux olympiques et paralympiques vont-ils être certifiés ISO 20121 ? 

Oui, et les audits internes ont d’ailleurs déjà débuté. Le cabinet spécialisé Ipama accompagne les J.O dans cette démarche pour s’assurer que les 10 chapitres de la norme sont bel et bien couverts. Par la suite, il y aura un audit “ sur événement “ qui est d’ores et déjà planifié, et qu’il faut concilier avec la période de l’événement lui-même. Mais quoi qu’il en soit, ce sera cet été.

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