Frédéric Bedin, Président du directoire d’Hopscotch, apporte son éclairage sur la crise traversée actuellement par l’événementiel et invite le secteur à prévoir dès maintenant la reprise.
Si pour vaincre le virus on doit mourir d’ennui, seul et triste, et dans une économie déprimée, ce sera une défaite cuisante !
L’annulation des événements culturels, économiques ou sportifs est une catastrophe pour ce secteur mais pas seulement. Rien qu’en France ce sont près de 1 000 événements d’entreprise qui se tiennent chaque jour, faisant travailler 335 000 personnes, selon une récente étude EY.
Cette crise va peut-être laisser une trace positive, en démontrant par le vide l’impact d’entrainement des rencontres physiques sur l’ensemble de l’activité économique. Par exemple la non-tenue du salon automobile de Genève (GIMS) rappelle aux élus du Canton que ce sont 250 M€ de pertes directes pour la ville et un préjudice d’image encore plus important. Les annulations des salons professionnels à Cannes sont dramatiques pour la ville mais aussi pour le dynamisme des filières.
Certes, les conférences de presse se sont tenues online en live stream dans un premier temps, mais sur le long terme, l’événement est un contenu essentiel à l’attractivité des réseaux sociaux. Les GAFA qui se frottent les mains avec l’explosion du e-commerce devraient aussi prévoir des jours sombres si plus personne n’a de photo de voyages ou de fêtes à partager avec ses followers.
En supprimant la rencontre live, on transforme le web en une base de données ancienne et une messagerie, mais ce n’est plus la caisse de résonance de l’activité humaine. Même les audiences TV en pâtissent, par exemple les retransmissions de matches de foot ou de hockey qui se jouent à huis clos sont moins suivies qu’avec des stades pleins de supporters.
Bien évidemment, la crise sanitaire a nécessité des prises de décisions rapides et drastiques, mais des solutions existent pour des « stratégies barrages », comme il existe des « gestes barrages » pour le virus. La première est de compartimenter les événements : en remplaçant une convention de 1 000 personnes par 10 événements de cent personnes, on divise par 10 le risque qu’une personne en contamine un grand nombre. La technologie digitale permet aussi de mettre ces grappes d’événements en réseau, en live ou non, afin de bénéficier de l’effet de masse qui est si motivant.
Le recours massif au télétravail a aussi ses limites et après 6 à 8 semaines de “home office” les Chinois sont vraiment heureux de revenir au bureau, même si c’est en partageant en deux les équipes afin de segmenter encore les risques.
Il faut donc prévoir dès maintenant la relance des rencontres, qui servira de booster de la reprise économique. Les grandes entreprises mais aussi les pouvoirs publics ont la responsabilité sociale, politique, et morale de programmer et financer des manifestations culturelles, sportives et économiques afin de mettre les humains en relation et de créer ces rencontres qui font le sel de la vie.
Le Festival de Cannes, les Jeux olympiques, ou le Paris Motion Festival, vont être des opportunités de changer la tendance. Il faudra du courage à tous pour les maintenir et en faire des emblèmes de la reconquête de notre liberté de nous réunir, qui est inscrite dans la déclaration des droits de l’homme.
L’ensemble des professionnels du secteur sont prêts !
@Crédits Stéphane de Bourgies