15 mai 2023

Temps de lecture : 3 min

“Mettre en contact les personnes en situation de handicap avec du public, ça fonctionne. Il faut désormais scaler la démarche”

Nicolas Turpin, vice-président de LEVENEMENT, en charge des transitions et de l’impact, et Grégoire Decaux, fondateur de l’agence Inspirience, nous parlent du handicap dans l'événementiel à l'occasion de la parution d'un guide dédié.
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Quelle est la situation du secteur de l’événementiel en matière d’inclusion et d’embauche de personnes en situation de handicap ?

Nicolas Turpin : La moyenne nationale est de 3,5% de salariés déclarés en situation de handicap. Le secteur de l’événementiel est en deçà de ce pourcentage, en revanche nous avons la volonté de récupérer de la data auprès des agences, et ce dans le cadre de notre future convention collective, afin d’avoir un chiffrage précis et surtout de lancer une campagne de communication pour favoriser l’embauche de ces personnes au sein de nos entreprises. C’est dans cet esprit que nous lançons ce guide pratique du handicap.

Aujourd’hui l’association LEVENEMENT publie un nouveau guide pratique dédié au handicap. Quelle est sa vocation et à qui s’adresse -t-il en priorité ?

N.T. : Ce guide est un service que nous voulons rendre à l’ensemble de nos adhérents, mais aussi aux patrons de toute la chaine de valeurs de notre secteur. La prise en compte du sujet du handicap dépend souvent de la typologie des agences. Beaucoup de ces dernières sont des petites structures, avec à leur tête des dirigeants qui cumulent les casquettes de DRH, directeur financier, directeur de la création, etc., et donc n’ont pas forcément le temps ni les informations nécessaires. Quand l’agence est d’une taille plus conséquente, notre cible va être davantage les fonctions RH. C’est la même chose pour les prestataires d’ailleurs.

Qu’est-ce qu’une entreprise adaptée ?

Grégoire Decaux : C’est à la fois une entreprise comme les autres, et différente. A savoir, une société comme Inspirience est une SARL qui a vocation à faire du business. Mais elle est différente puisque nous avons un engagement avec l’État, que nous renouvelons tous les 5 ans, qui nous oblige à embaucher au minimum 55% de personnes en situation de handicap. Nous avons également vocation à accueillir, former, faire monter en compétences des personnes éloignées de l’emploi. Une véritable mission sociale qui est dans notre ADN.

On pense souvent, à tort, que les collaborateurs en situation de handicap sont moins motivés que les autres. Or les études démontrent le contraire.

Quels sont les freins, les idées reçues qui bloquent l’embauche de personnes en situation de handicap ?

G.D. : Sans doute la motivation. On pense souvent, à tort, que les collaborateurs en situation de handicap sont moins motivés que les autres. Or les études démontrent le contraire. C’est donc un atout pour les chefs d’entreprises que de miser sur eux. Cela crée une dynamique d’ensemble très précieuse.

N.T. : Rappelons également que dans 85% des cas, le handicap est invisible. Ne pensons pas uniquement handicap physique, incompatible avec certaines tâches. L’événementiel c’est beaucoup de métiers accessibles à toutes et tous.

Justement, le secteur événementiel étant réputé stressant et exigeant, ne rebute -t-il pas les personnes en situation de handicap ?

G.D. : Tordons déjà le cou à cette idée que l’événementiel ce n’est que du stress ! Et nous avons une responsabilité vis-à-vis des donneurs d’ordres de leur inculquer la nécessité de prendre davantage de temps, d’accepter des plannings plus longs, pour améliorer les conditions de travail. D’ailleurs ils sont très à l’écoute sur ces questions qu’ils retrouvent dans leur propre entreprise. Certes, c’est un travail de long terme mais il me semble que nous allons dans le bon sens. Par ailleurs, il y a véritablement une grande partie des expertises événementielles qui sont accessibles aux personnes en situation de handicap. Parfois ces personnes ne peuvent travailler que quelques jours, aussi nous mettons en place des missions passerelles de courte durée et qui fonctionnent très bien.

N.T. : Il est intéressant de pouvoir faire du prototypage et d’être source d’innovation. Mettre en contact les personnes en situation de handicap avec du public, ça fonctionne. Il faut désormais scaler la démarche. C’est aussi la forte de notre métier que d’ouvrir le champ des possibles. Enfin rappelons que la RSE, ce n’est pas que la dimension environnementale. Après m’être consacré au guide sur la sobriété numérique, il me tenait à cœur de sensibiliser à la question de l’inclusion.

Est-ce facile aujourd’hui d’avoir accès aux informations et d’ouvrir les bonnes portes afin de travailler sur cette question du handicap ?

G.D. : Nous avons un véritable travail de sensibilisation à faire, surtout au sein des petites structures qui n’ont pas de responsable dédié à ce sujet. L’objectif du guide est justement de les aider à prendre leur part face à cette obligation qui nous concerne tous.

Les Jeux paralympiques vont être un formidable accélérateur pour la prise en compte du sujet du handicap.

Quelle sera la prochaine étape ?

N.T. : Laissons passer les JO Paris 2024 avant d’envisager de faire un bilan. Je pense que les Jeux paralympiques vont être un formidable accélérateur pour la prise en compte du sujet du handicap.

Et sur la question de l’accessibilité des personnes handicapées aux événements ?

N.T. : C’est aussi un chantier important à mener et pour lequel nous organiserons là aussi un groupe de travail.

G.D. : Sur les événements BtoB, reconnaissons que des progrès ont été faits. C’est désormais la norme que d’avoir la vélotypie active, une personne sur scène pour traduire en langage des signes, de sous-titrer les films, etc. Quant à l’accessibilité des lieux, c’est un sujet vis-à-vis duquel nos clients sont très regardants. Il est de la responsabilité des gestionnaires de sites de se mettre en conformité avec les obligations légale. Tout le monde doit jouer le jeu.  

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