Hugues Deschaux, directeur de MaddyEvent et fondateur de la Maddy Keynote, nous dévoile la prochaine édition de l’événement qui se tiendra au Centquatre Paris le 31 janvier 2019.
Meet In : La Maddy Keynote est un événement du média en ligne Maddyness. Pouvez-vous nous rappeler l’historique et la ligne éditoriale de la marque ?
Hugues Deschaux : Maddyness est un média pure player Web créé en 2011. C’est une plateforme d’expression pour tous ceux qui s’intéressent aux start-up, à l’entrepreneuriat et à tous les sujets connexes. On y parle évidemment start-up et innovation mais on essaye également d’élargir le spectre pour que les entrepreneurs puissent sortir, de temps à autre, la tête du guidon grâce à des sujets plus prospectifs. Ce secteur s’est accéléré depuis les deux dernières années et il y a l’arrivée d’une nouvelle génération que j’appellerais pour faire court XYZ qui fait également bouger les codes. Cela se ressent sur notre ligne éditoriale car ces gens-là nous lisent, donc on s’engage à leur parler de leur quotidien.
M.I. : Vous avez un mix média constitué du site Internet Maddyness, d’un studio de création de contenus et d’un pôle événementiel que vous dirigez ?
Hugues Deschaux : Maddyness a en effet aujourd’hui 3 grosses activités. Le magazine en ligne, la partie Studio avec la création de contenus qui produit du Brand Content mais aussi beaucoup de vidéos et la partie Event. Nous avons également 2 autres activités connexes avec Azerty Jobs, le site d’offres d’emploi dédié à l’innovation et à l’entrepreneuriat, et une maison d’édition qui fonctionne de manière ponctuelle. Dans le pôle MaddyEvent, il y a nos événements propriétaires dont la Maddy Keynote lancée il y a 4 ans et nous organisons aussi tout au long de l’année des événements pour des partenaires ou des clients en marque blanche. Nous les accompagnons sur tout ou partie de leur stratégie événementielle autour de la thématique start-up et innovation.
M.I. : Que représente l’événementiel dans ce mix média ?
Hugues Deschaux : C’est à peu près un ratio d’un tiers. Les médias sont en pleine mutation comme vous le savez, c’est donc un véritable challenge que d’arriver à équilibrer nos recettes Web, Studio et Event. Nous faisons aujourd’hui un chiffre d’affaires de plusieurs millions en progressant chaque année, sans levée de fonds et en fonctionnant uniquement sur fonds propres. Nous voyons tous les jours des start-up qui font la course à la croissance, parfois de manière artificielle. Ce n’est pas notre choix car dès l’origine nous avons souhaité aller à notre rythme, garder notre indépendance et ne pas nous reposer uniquement sur notre marque.
M.I. : Comment se différencier dans un univers événementiel Tech déjà bien encombré ?
Hugues Deschaux : Sur la Maddy Keynote on a toujours privilégié la qualité du contenu, du format et du public. Nous n’essayons pas de faire d’énormes événements car ce n’est pas notre vocation ni ce que l’on souhaite faire. L’an dernier, nous étions 4 500 au Centquatre Paris, nous espérons atteindre les 7 000 participants en janvier prochain – ce qui est déjà beaucoup – mais nous ne cherchons pas à être sur des audiences telles que le CES ou Vivatech. Tout notre événement est centré sur la prise de parole, il n’y a pas de stands, c’est notre parti pris initial. Ce positionnement vient du fait qu’on en avait un peu marre de voir des stands qui ne reflétaient pas la réalité du business des exposants, ce qui est tout à la fois frustrant pour le public et pour l’exposant qui a investi pour être présent. Cela ne nous empêche pas de mettre en avant l’innovation en faisant venir des start-up gratuitement qui montrent leur projet sur la zone de démonstration. Nous choisissons les jeunes pousses que nous voulons mettre en avant, sachant que nous les sélectionnons parce qu’elles sont en adéquation avec la ou les thématiques abordées.
M.I. : A quoi ressemblera la Maddy Keynote 2019 ?
Hugues Deschaux : L’événement du 31 janvier 2019 sera une expérience prospective baptisée «Une journée en 2084». Nous y aborderons les thèmes du travail, de la consommation et du bien-être au sein d’espaces scénographiés et théâtralisés. Nous créons un écrin dans lequel les entrepreneurs viennent dévoiler leurs solutions. C’est un peu le principe d’une exposition, avec son décor dédié. L’an dernier par exemple, pour parler du thème de la mobilité, nous avions recréé une rue. Pour la prochaine édition et la thématique du bien-être on est parti sur le bien-être santé avec un centre de soin du futur, pour le travail nous reconstituerons un bureau très végétalisé avec l’humain au centre. Enfin, sur la partie consommation, on va recréer un point de vente du futur avec des vitrines digitalisées, des hologrammes, etc. Nous aurons également une reproduction miniature, en Lego©, de ce à quoi devrait ressembler ce futur de 2084. Le public vient pour l’une ou plusieurs thématiques, cela nous permet de mixer les personnes qui en temps normal ne se croisent pas forcément. Le fait de changer chaque année de verticale assure une certaine mixité et un renouvellement du public.
M.I. : Comment faites-vous vivre cet événement avant et après ?
Hugues Deschaux : La Maddy Keynote est le point d’orgue où l’on fait converger toutes nos activités. Notre studio produit beaucoup de contenus en amont, pendant et après. La rédaction réalise une newspaper d’anticipation que nous distribuons le jour J et nous diffusons en stream les contenus des 3 salles de prises de parole en simultanée. Après l’événement, nous diffusons du contenu vidéo, des capsules faites à partir des interventions qui vivent tout au long de l’année sur notre site Internet et sur les réseaux sociaux.
M.I. : Vous vous appuyez sur une agence événementielle ou vous produisez en interne ?
Hugues Deschaux : Nous produisons tout de A à Z, que ce soit la technique, le contenu, la scénographie, les vidéo, etc. On essaye de tout intégrer pour avoir la main la plus large possible sur le contenu qu’on va créer.
M.I. : Quel est le public de la Maddy Keynote ?
Hugues Deschaux : C’est un public ciblé constitué d’environ 30% d’entrepreneurs, 30% de grands groupes et 30% d’écosystème, sans oublier les médias. Nous réunissons évidemment la communauté Maddyness mais nous invitons aussi tous les gens qui nous paraissent pertinents sur nos thématiques.
M.I. : Comment suscitez-vous le faire-venir ? Est-ce que les «têtes d’affiche» sont toujours indispensables ?
Hugues Deschaux : Plus du tout. C’était effectivement notre parti-pris initial d’avoir des «têtes d’affiche», bien que je n’aime pas trop l’expression. On s’est rendu compte l’année dernière que certaines d’entre elles ne sont pas forcément les plus pertinentes pour parler de certains sujets. Pour notre 4e édition, nous allons à l’opposé avec des intervenants peu connus du grand public mais particulièrement experts de leur sujet et qui ont au fond de leurs tripes quelque chose à défendre. Nous aurons donc un panel plus large, varié et diversifié. Il y aura par exemple Fabrice Midal, le fondateur de l’Ecole occidentale de méditation qui va nous expliquer comment le monde de l’entreprise s’est emparé du thème pour en faire un sujet de productivité alors que ce n’est évidemment pas le but ou encore le Frère Eric Salobir, moine et conseiller en nouvelles technologies auprès du Pape et des grands pontes de la Silicon Valley. Cela nous paraissait super intéressant d’avoir un religieux venant s’exprimer au cours d’une grand-messe économique.
M.I. : Le thème de la prochaine édition est « une journée en 2084 ». Pourquoi cette date ?
Hugues Deschaux : C’est en référence à l’ouvrage 1984, sauf que nous avons pris le parti d’angler avec un regard totalement positif. L’idée est de décrire une vision optimiste de demain car à chaque fois que dans l’imaginaire collectif ou dans la pop culture on imagine le futur celui-ci est toujours noir voire apocalyptique. Certes, il y a des enjeux et des sujets graves dont il faut se préoccuper mais notre but est de montrer un chemin et des solutions pour éviter les écueils.
M.I. : Si vous vous projetez en 2084, comment voyez-vous ce monde du futur ?
Hugues Deschaux : Vaste sujet ! Je suis incapable de répondre à la question car rien qu’en l’an 2000 on n’était pas capable d’imaginer qu’en 2018 on en serait là. Quand je pense aux années 50, nos aïeuls seraient profondément choqués de voir ce qu’est devenu la planète. Mais il y a surtout un sujet que l’on aborde finalement assez peu c’est l’accroissement de la population mondiale, problématique dont les autres sujets découlent. Je n’ai pas la prétention de dire que j’ai la solution mais ce sont des sujets qu’il faut aborder de manière frontale. Avec la Maddy Keynote on prend un peu plus de recul et l’on fait émerger des solutions pour essayer d’enrayer les problèmes actuels ou à venir.