Ce lundi 14 septembre débute Alerte Rouge, un dispositif événementiel pour alerter les pouvoirs publics et highlighter les métiers techniques du monde du spectacle de de l’événementiel. Echange avec Philippe Abergel, Secrétaire général du Synpase, qui nous recontextualise et explique cette opération.
Meet-in : Pouvez-vous tout d’abord nous rappeler ce qu’est le Synpase – à l’initiative d’Alerte Rouge – et son périmètre ?
Philippe Abergel : Le Synpase est le syndicat national des prestataires techniques – éclairage, vidéo, structures, décors, régie, etc.- de l’audiovisuel, du spectacle et de l’événementiel. Nous réunissons l’ensemble des entreprises dont l’activité principale est la mise en œuvre de techniques du spectacle, soit 700 sociétés pour un chiffre d’affaires annuel d’un milliard d’euros et environ 25 000 salariés.
M.I. : Quelle est la situation actuelle de vos membres et quels sont les plus touchés par les conséquences de la crise sanitaire ?
P.A. : Nous réalisons un chiffre d’affaires à part égale dans le spectacle et dans l’événementiel, aussi nous avons été impacté dès la fin février par la crise de la Covid-19. Et nous avons bien conscience que nous serons les derniers à redémarrer nos activités. L’enjeu pour nous est d’autant plus crucial que nous sommes des entreprises qui investissent énormément dans le matériel, environ 20% de notre chiffre d’affaires par an.
1 entreprise sur 2 craint de disparaître dans les 4 à 6 mois qui viennent si le secteur n’obtient pas de soutiens spécifiques rapidement.
Certaines de nos entreprises peuvent avoir des difficultés pour obtenir un PGE en raison de ces investissements qui nécessitent parfois de l’endettement. Elles emploient beaucoup de salariés, leurs locaux sont généralement assez vastes, donc vous avez des charges fixes importantes et aucune rentrée en face. 1 entreprise sur 2 craint de disparaître dans les 4 à 6 mois qui viennent si le secteur n’obtient pas de soutiens spécifiques rapidement. Nous souhaiterions la mise en place d’un plan événementiel, comme il y a eu un plan culture par exemple.
Enfin, n’oublions pas que se profilent de très gros événements sportifs en France, avec en point d’orgue les JO 2024 évidemment. Nous travaillons avec Paris2024 qui affiche clairement la volonté de travailler le plus possible avec des entreprises françaises, mais si demain la moitié des prestataires ont déposé le bilan, il leur faudra aller chercher des spécialistes ailleurs.
M.I. : Pour attirer l’attention sur votre situation, vous reprenez le mouvement RedAlertRESTART initié aux Etats-Unis, puis suivis par plusieurs pays européens. Pouvez-vous nous présenter l’opération Alerte Rouge qui se déroulera du 14 au 18 septembre en France ?
P.A. : A vrai dire, nous réfléchissions depuis quelques mois à cette opération mais il fallait trouver le bon timing. Nous voulions avoir une forte visibilité donc nous avons laissé passer la rentrée en estimant que la semaine du 14 au 18 septembre serait propice. De plus, nous avions l’espoir que la reprise serait au rendez-vous en début de mois.
Nous ne sommes pas sur le devant de la scène et cela nuit malheureusement à notre visibilité.
Concrètement, l’opération Alerte Rouge consiste en l’éclairage en rouge des entreprises qui nous représentent mais également des bâtiments qui accueillent événements et des lieux recevant des spectacles. Différents endroits symboliques qui seront autant d’éclairages forts pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur notre situation. Il faut mettre de la lumière sur ces métiers de l’ombre indispensables à la tenue de tous spectacles et événements en France. Nous ne sommes pas sur le devant de la scène et cela nuit malheureusement à notre visibilité.
M.I. : Quels sont les villes, sites qui adhérent au mouvement ?
P.A. : Nous pouvons vous citer de nombreux lieux qui suivent le mouvement, tels que le palais des congrès Vinci à Tours, l’Opéra de Clermont-Ferrand ou encore le Théâtre de la Ville et l’Escape Cardin à Paris et vous pouvez d’ailleurs consulter la liste complète sur notre site synpase.fr . On constate avec plaisir que les intermittents, les freelances mais aussi les autres organisations du secteur événementiel se sont faits les relais du mouvement. D’autant que, bien évidemment, notre démarche se veut collective car nous souhaitons mettre en lumière l’ensemble de la filière.
M.I. : Qu’attendez-vous concrètement de cette opération ?
P.A. : Nous attendons que ces métiers de l’arrière de la scène soit bien visible et que les gens comprennent comment s’articulent ces professions. Et que le gouvernement se penche sur nos enjeux spécifiques pour ne pas sortir de cette crise totalement exsangues.
Un commentaire
Faire une pétition adressée au ministre de la culture, ce serait déjà ça il faut sensibiliser l’état qui s’en fout des artistes et de tout l’événementiel avec toutes les personnes qui travaillent dans l’ombre pour réaliser un spectacle