Ce reconfinement ne sera pas un coup fatal pour le monde de l’événementiel, de la culture et du spectacle vivant si nous nous en donnons les moyens. Et pas seulement des moyens économiques…
Rudes. Ainsi pourrions-nous qualifier les prochaines semaines qui vont nous amener à puiser dans nos ressources – physiques, mentales, financières – pour tenir. Ce reconfinement que nous n’avions pas vu venir, aux contours favorisant le travail et l’efficacité économique au détriment de la convivialité, n’engendrera pas les mêmes effets sur nos esprits. C’est d’ailleurs d’ores et déjà le cas. Le déni de l’importance des liens sociaux aura indéniablement des incidences à terme. Il est trop tôt pour vouloir faire preuve de résilience quand l’heure est à la patience. Etre patient mais jusqu’à quand ? Nul ne le sait vraiment et c’est bien là tout le problème.
En attendant, la nature (humaine) ayant horreur du vide, on s’organise cahin-caha. On fait, on défait, on refait au rythme des nouvelles injonctions et sans aucune garantie d’efficacité. Face aux interdictions, d’autres se voient déjà sous le règne de la Prohibition et s’organisent, programmant des événements bricolés et illégaux dans des arrière-cours, au détriment des professionnels historiques. L’Homme est un animal social, parfois prêt à tout. Aussi, faut-il dès à présent et urgemment trouver des subterfuges, des dérivatifs pour s’éclaircir la ligne d’horizon. Le projet baptisé Offline Activation, en collaboration avec le collectif de l’artiste JR, en est un exemple parmi d’autres, mais il nous faudra une véritable vision pour réamorcer un nouvel élan, une dynamique. Et je ne vous parle pas ici de dynamique économique mais bien d’une dynamique sociétale s’appuyant sur la culture et impulsé par l’Etat. Un New Deal culturel à la manière de ce que Roosevelt et son gouvernement ont porté dans l’Amérique post Grande Dépression. Une relance qui fit travailler nombre d’artistes et d’artisans au plus près des populations et fit émerger des talents tels que Jackson Pollock, Orson Wells ou encore Henry Miller.
Le président américain d’alors avait bien compris l’intérêt de se servir de l’art comme d’un ciment démocratique. C’est d’ailleurs à ce moment de l’histoire des Etats-Unis que le pays s’est construit une véritable culture populaire. Nous verrons bien si le prochain locataire de la Maison-Blanche aura cette même vision. De ce côté-ci de l’Atlantique, ne nous interdisons pas cependant d’avoir une telle ambition. D’élaborer un programme de relance qui ne nous parle pas uniquement d’économie.
L’événementiel pourrait ainsi panser ses plaies en s’investissant sur des thématiques sociétales. Les acteurs de la filière y sont prêts. A l’heure où nous reparlons – à raison – de mieux enseigner la laïcité, pourquoi ne pas confier à des spécialistes de la mise en scène des contenus pour accompagner, sans la remplacer bien sûr, la parole pédagogique ? Lorsque les annonceurs sont en panne d’inspiration pour parler à leurs publics de leur “raison d’être” et de leur politique RSE, ne serait-il pas pertinent de penser événements pour faire descendre les marques dans la rue non pas pour vendre mais pour aider ? Que dire des artistes, artisans, intermittents et free-lances, tous ces talents en hibernation forcée et qui ne demandent pas mieux que de servir, d’être utile et de donner du sens à leurs compétences ? De nos jeunes qui se désespèrent et sont pourtant la relève sur laquelle il faut nous appuyer dès maintenant ? Enfin, ce New Deal pourrait redonner toute sa place à un débat public en perte de vitesse et mettre en lumière tout ce qui fait que la France est un pays si différent des autres et que l’on aime malgré tous ses défauts. Oui, alors, ce dessinerait un chemin commun enthousiasmant.
2 commentaires
Bravo ! Franchement, j’adhère du premier au dernier mot. Et je partage… merci, Laurence !!!!
Merci Nathalie ! Keep going !!