Au lendemain de sa nomination officielle en tant que président d’Unimev, Olivier Roux nous a accordé une interview. L’occasion de faire le point sur GL events dont il est vice-président et d’échanger sur la stratégie future de l’union professionnelle.
Meet In : GL events est le champion français de l’événementiel, avec une offre couvrant la quasi-totalité de la chaine de valeurs. Quels savoir-faire, expertises, manqueraient éventuellement à votre arc ?
Olivier Roux : GL events est présent dans les trois grands métiers de l’événementiel. Notre métier historique, celui de prestataire de services, représente cependant encore plus de 50% de notre activité. Sur l’activité Salons, nous résonnons par filière dans la partie B to B. Pour exemple, Il y a trois grandes filières – agroalimentaire, textile, industrie – sur lesquelles nous consacrons nos efforts depuis de nombreuses années. Notamment l’industrie car nous pensons que la France a encore une place très importante dans ce secteur. Nous avons ainsi fait des acquisitions en rachetant des salons régionaux, l’activité n’étant pas uniquement centrée sur la région parisienne.
Nous essayons d’avoir des événements complémentaires ou bien de prendre des chemins différents pour ne pas tenir qu’une position de « salonneurs ». Nous participons pleinement à l’animation de la filière.
D’autre part, notre position d’ensemblier nous conduit à être à la fois fournisseurs et aussi client d’organisateurs comme Reed ou Comexposium, et de sites d’événementiels ou de parcs d’exposition. C’est le fruit de l’organisation du marché français dans le secteur.
M.I. : Est-ce qu’aujourd’hui votre croissance se concentre en priorité sur votre déploiement à l’international ?
O.R. : Notre terrain de jeu est en effet l’international qui représente plus de 50 % de notre activité. Le marché français se développe mais il est plus mature que d’autres marchés, même européen. Pour être fort à l’extérieur, il faut également être fort chez soi. Nous avons fait des levées de fonds au cours de ces derniers mois afin d’avoir la capacité d’investir dans des pays comme la Chine. Nous y investissons à la fois dans des salons, mais aussi dans des infrastructures dont la gestion nous est confiée. En Amérique latine, nous avons fait des acquisitions importantes et nous serons l’opérateur de la COP25 qui se déroule au Chili. On essaye toujours de capitaliser sur nos savoir-faire et notre expertise de façon à ce que nos interlocuteurs se retrouve très vite avec nous autour d’une bonne compréhension des marchés.
M.I. : Le marché chinois n’arrive-t-il pas à saturation avec toutes les infrastructures déjà construites ?
O.R. : N’oublions pas que nous parlons d’un marché d’un milliard de personnes. Il faut réfléchir à l’échelon continental ; l’approche est différente de nos autres destinations. Il y a une vraie demande et de véritables besoins tant qualitatifs en termes de compétences et de savoir-faire, que quantitatifs en termes d’infrastructures dédiées à l’événementiel, outre la présence d’acteurs locaux puissants.
M.I. : L’Assemblée générale d’Unimev vient d’acter votre nomination en tant que président. Quels vont être les principaux chantiers auxquels vous souhaitez vous consacrer ?
O.R. : Tout d’abord, il faut faire reconnaître que notre filière tient un rôle important dans l’économie du pays ; notion qui n’est peut-être pas encore suffisamment intégrée. Prenons par exemple les retombées économiques de notre secteur. Elles sont très diffuses, aussi il nous faut sûrement mieux communiquer et faire acte de pédagogie dans le domaine. Nous avons également un gros chantier sur la RSE car l’on se doit d’être exemplaires ; Et la profession est prête ! Nos adhérents sont extrêmement réactifs sur ces questions-là. Nous sommes conscients du poids que représente l’image de notre profession et de nos événements. D’autre part, nous sommes très maillés dans les territoires, en étant présents dans des villes moyennes où nous employons beaucoup de personnes et impliquons nombres prestataires. Les prestataires sont très attentifs aux questions d’environnement, de recyclage. Les donneurs d’ordre vont nous demander de remplir ces obligations pour répondre à des appels d’offres. Le sujet de la RSE s’impose à nous de fait, à la fois moralement et juridiquement. Enfin, nous allons mettre l’accent sur la formation, car les besoins en ressources humaines qualifiées sont conséquents avec le calendrier des grands événements à venir sur le territoire.
M.I. : En tant que leader du marché, votre voix vous semble-t-elle plus audible, plus persuasive pour défendre les intérêts du secteur événementiel ?
O.R. : Nous avons mis en place un duo à la tête d’Unimev, constitué de Pierre-Louis Roucaries (président délégué,ndlr) et de moi-même. Cela a nécessité d’en modifier les statuts, à la demande du Conseil d’administration, et ce afin de mieux répondre à la charge de travail. Nous avons une équipe qui est très active et c’est important de le rappeler car les gens ne se rendent pas forcément compte du travail accompli. Il fallait aussi que l’on ait une alternative intelligente entre une représentation dans les territoires et une représentation dite plus nationale à Paris, afin d’avoir une complémentarité et une bonne compréhension des attentes.
De part sa position, GL events connait les différents segments de la filière. On parlait davantage des organisateurs et des salons et moins des prestataires qui étaient pourtant présents. Il nous faut prendre en considération les attentes de l’ensemble de la filière et en ce sens, ma candidature reflète cela. GL events est un acteur qui apporte sa contribution, comme le font d’autres gros acteurs, pour pouvoir animer la filière. Nous sommes présents également sur la filière Sports que préside Olivier Ginon (président de GL events, ndlr), nous sommes cotés en bourse, avons une envergure internationale qui nous donnent à la fois beaucoup de visibilité et aussi un devoir d’engagement. Nous sommes très heureux d’avoir parmi nous l’association LEVENEMENT par exemple, et je comprends qu’ils aient leur particularité et leur valeur ajoutée qu’ils souhaitent exprimer. C’est totalement normal. Mais nous portons une vision commune et moins celle de la spécificité des métiers.
M.I. : Et vis-à-vis des pouvoirs publics ? Qu’est-ce que vous en attendez ?
O.R. : Que nous soyons considérés comme une filière d’importance à sa juste hauteur, qu’ils participent un peu plus à la vie de nos salons ou de nos événements et qu’ils facilitent notre capacité à être compétitifs face à nos concurrents internationaux. Cela passe par le traitement de questions telles que la TVA, la circulation des marchandises et des personnes ou encore la souplesse nécessaire à nos métiers qui sont souvent saisonniers. Sur les contrats courts par exemple, nous travaillons avec le Syntec et nous espérons avoir de bonnes nouvelles à annoncer prochainement. Sur le sujet de la sécurité, nous devons revoir la répartition des couts exorbitants des dispositifs dus au contexte. Ce sont de tels sujets qui s’imposent à nous mais qui n’ont rien d’évidents et dont il faut discuter.
M.I. : Nous sommes entrés dans l’ère de l’événementialisation des filières économiques. Pensez-vous que c’est plus marqué qu’auparavant ?
O.R. : Nous le sommes davantage qu’avant car on a besoin de montrer des réalités, de prouver que nous ne sommes pas dans un univers de bonnes intentions. L’un des outils intéressants, avec un rapport coûts/qualité d’image, c’est l’événement. Il a l’avantage de s’adresser au plus grand nombre et pas uniquement à un sérail de connaisseurs. Et l’événementiel est de plus en plus dans la rue. Les gens sont demandeurs d’information et de compréhension des choses. C’est également une façon de partager, un peu comme dans le sport. Lorsqu’on fait venir les Jeux olympiques, c’est certes une grand-messe sportive mais également un vecteur pour le développement économique des territoires, une manière pour les entreprises de s’engager encore plus dans la Cité.
M.I. : Que pensez-vous de l’arrivée du Mondial de Paris dans le giron du groupe Hopscotch ?
O.R. : Les salons sont des outils marketing qui ont de plus en plus besoin de se transformer, d’évoluer, de se servir à la fois des nouvelles tendances et des nouvelles technologies. Il y a certains salons grand public – et le Salon de l’Auto en est un – où il faut transformer l’acte en activité événementielle. Je pense que ce salon va évoluer radicalement dans sa présentation et sur le fond, en touchant notamment tout ce qui est en périphérie de l’automobile et aux prospectives du marché. Au Canada par exemple, C2 Montréal a changé le mode opératoire. Mais c’est un complément, une autre façon d’aborder les manifestations que l’on a vu apparaître il y a 5 ou 6 ans. Aujourd’hui, l’important n’est pas l’exposant mais le visiteur et ce dernier est en attente de contenus diversifiés.
M.I. : Un mot de conclusion ?
O.R. : Notre filière a une grande maturité. Elle donne beaucoup de signes de compétences, d’expertises, de cohérence et de cohésion. C’est assez prometteur pour l’avenir, même si chacun possède ses propres intérêts. Un certain nombre de chantiers doivent être menés en commun et nous nous y emploierons.