Dédié au développement durable et à l’innovation, Sustainable Brands Paris se déroulera du 23 au 25 avril au Carrousel du Louvre. Olivier Blond, directeur des opérations de l’événement, nous présente cette manifestation inédite en France.
Meet In : L’événement international Sustainable Brands (SB) arrive en France, avec une 1èreédition qui se tiendra fin avril au Carrousel du Louvre. Quel est l’ADN de cette manifestation ?
Olivier Blond : Sustainable Brands, c’est d’une certaine manière le TED de la RSE. D’origine américaine, cet événement a été créé il y a une quinzaine d’année en Californie. Comme les TED, il est décliné dans le monde entier comme à Tokyo, Bangkok, Istanbul, Rio, etc.
Et il n’y avait pas d’édition européenne ?
Il y a eu des éditions à Madrid et Copenhague, mais l’idée est d’aller un peu plus loin avec l’événement de Paris pour fédérer les énergies à l’échelle continentale. Ce n’est donc pas un SB Paris mais SB Europe que nous créons. Nous avons des partenariats avec Madrid et l’événement de Copenhague va fusionner avec le nôtre.
Quelle est la ligne éditoriale de cette conférence ?
Notre sujet est la RSE et l’entreprise mais orienté innovation. C’est important de montrer que le sujet n’est pas un fardeau mais qu’il est devenu un facteur d’innovations. Innovation technologique bien sûr, mais aussi marketing, RH, etc. La RSE transforme l’entreprise, un peu à la manière du digital il y a 20 ans. On pensait alors que le sujet dépendait des directions informatiques, alors que la question était au cœur du business. Selon nous, la RSE a le même potentiel de transformation. Et l’Europe a vraiment quelque chose à dire au niveau mondial.
Qui est l’organisateur de cet événement ?
Sustainable Brands est porté par plusieurs structures. Aux Etats-Unis, il y a Sustainable Live qui organise l’événement américain à qui Pixelis a acheté une licence pour créer une édition en France. Pixelis est une entreprise spécialisée dans le branding, la communication et le design. C’est une société assez originale, « libérée » à savoir sans hiérarchie et dont 100% des actionnaires sont les salariés. Nous sommes référencés BCorp, un label qui est en passe de se développer auprès des grandes entreprises françaises.
Pixelis ne fait donc pas d’événementiel a priori ?
En effet, nous ne sommes pas une agence événementielle. L’événement que l’on crée, on ne prétend pas le faire tout seul, on le construit avec la quasi-totalité des acteurs de la RSE française. Nous travaillons en écosystème avec eux pour ne pas entrer dans une guerre de chapelle mais au contraire fédérer au maximum.
Vous mettez l’accent sur les formats innovants. Pas toujours facile en matière d’événements ?
Ce qui nous intéresse c’est de mettre en scène un certain nombre de succès, de case studies, de leaders d’opinion et de personnes inspirantes. De mettre en relation des personnalités comme Emmanuel Faber (PDG de Danone) par exemple avec des « pirates » beaucoup moins connus pour les faire parler différemment. D’autre part, nous allons nous appliquer à nous-même ce discours d’innovation dans les formats. Par exemple, en faisant en sorte que le public ne reste pas des heures à écouter des leaders, aussi inspirants soient-ils. Il y aura une partie plénière mais aussi des ateliers participatifs et des petits formats que nous sommes en train d’expérimenter. Nous souhaitons aussi que les participants repartent avec le plus de choses possibles. Nous allons faire des doggy bagsnumérique qui permettront à chacun de prolonger l’expérience dans l’entreprise et ainsi de contribuer à la transformer.
Comment va s’articuler SB’ Paris ?
L’événement, intégralement en anglais, durera 3 jours, scindé en 6 demi-journées. Chacune d’elle regroupera 2 heures de plénière et deux heures d’ateliers. Durant chaque session, nous souhaitons qu’il y ait un moment fort tel un débat dans le noir par exemple ou un débat participatif. Il y aura 7 hubs sur des thèmes un peu plus transversaux tels que la finance, l’alimentation, le sport, la vie quotidienne, etc. Y seront présents quelques stands partenaires.
Qui sont vos cibles en dehors des entreprises ?
Il y aura quelques acteurs publics. La Maire de Paris Anne Hidalgo nous a promis de venir, le ministère de l’environnement et le secrétariat d’Etat à l’économie sociale et solidaire devraient également être présents à travers le projet French Impact, réseau d’incubateurs des initiatives ESS en France. Les ONG et les étudiants pourront également accéder à SB avec un tarif très préférentiel. La troisième journée sera encore différente. Nous organiserons des ateliers dédiés à la transformation des entreprises, avec des animateurs spécialisés. Nous devrions également avoir une Job Fair pour que les jeunes puissent rencontrer des entreprises qui pensent différemment.
Et le profil au sein de l’entreprise ?
Nos cibles sont les grandes directions, pas seulement la RSE. On veut mobiliser plus haut pour sortir du schéma où l’on se réunit entre personnes déjà convaincues. On sent bien qu’il se passe quelque chose maintenant, qu’il y a un basculement notamment du côté des consommateurs. Les intrapreneurs, les innovateurs, les start-up sont également les bienvenus.
Quelle sera la présence des marques ?
Les marques vont intervenir. Danone par exemple, qui est partenaire de l’événement, prendra la parole. Mais dans des débats ou des interactions décalées et pas dans des stands up en plénières afin de ne pas tomber dans l’écueil de la récitation du rapport RSE. Ceci ne nous intéresse pas.
C’est bien là toute la difficulté de l’exercice. Avoir un contenu intéressant et non intéressé ?
Nous disons aux marques « si vous venez pour parler, vous acceptez de vous prêter à l’exercice et aux règles du jeu. On vous fait monter sur scène, en toute bienveillance, parce que l’on pense que vous avez des choses intéressantes à dire. » Il y aura cependant une sorte de conférence bis avec une tribune, une télé et là un format plus classique où les speakers pourront s’exprimer s’ils le souhaitent. Ce contenu fournira des formats vidéo qui pourront être diffusés sur les réseaux sociaux.
Quelles différences entre l’événement parisien et celui des US ?
Dès le début, il y avait une demande des Américains de renouveler l’événement. A la fois en termes de format qu’en termes de design. Nous échangeons avec eux mais ils nous laissent faire ce que l’on veut. Après, il y a une différence culturelle. La philanthropie par exemple, c’est très clair aux Etats-Unis. On peut vendre des missiles et parallèlement donner de l’argent pour les hôpitaux. Rien d’anormal pour eux. En France, nous sommes des leaders en ESS (Economie Sociale et Solidaire), à savoir faire en sorte que le cœur du business des entreprises soit réorienté pour qu’il soit utile à la société. C’est une manière différente de voir les choses. D’autre part, les Américains sont très consensuels. Un sujet comme le greenwashing n’est pas perçu de la même manière.
Comment éviter de tomber dans le biais du greenwashing justement ?
Sur SB Paris, les intervenants vont parler de ce qu’ils font ou de ce qu’ils vont faire très prochainement afin d’éviter d’être dans la promesse. Nous sommes dans une logique d’humilité et de vérité. Pour les marques, cela passe aussi par être capables d’admettre qu’elles peuvent avoir des difficultés à résoudre un problème. L’action et le concret, c’est là où l’on veut se positionner. Et puis la peur d’être taxé de greenwashing est très présente en France, les marques intelligentes ne prennent plus le risque de s’y exposer.
Vous programmez également des moments plus festifs ?
Oui, nous organiserons par exemple une soirée au Château de Longchamp avec la Fondation GoodPlanet de Yann Arthus Bertrand avec qui j’ai d’ailleurs travaillé durant 10 ans. Comme nous serons au Carrousel de Louvre et que nous souhaitons attirer des visiteurs étrangers, il y aura des visites organisées du Louvre. Il est important que nous ayons des moments de convivialité et de réseau en marge de l’événement en journée.